CHEZ JEANNE (LA JEUNESSE DE BRASSENS)

Théâtre du Petit Saint Martin
17 rue René Boulanger
75010 PARIS
Tél : 01 42 02 32 82
Lundi 12 mars 2012

Ou comment Georges est devenu Brassens...

Suite au trentième anniversaire de sa disparition, c'était un pari très osé que de proposer un spectacle original autour de cet artiste. Or là, c'est un défi relevé avec maestria pour notre plus grand bonheur.

Grâce aux lettres, poèmes et chansons du poète moustachu, ce spectacle nous raconte remarquablement le parcours initiatique de celui qui a failli tourner mauvais garçon pour devenir le grand artiste que nous connaissons tous, en partant de son enfance à Sète jusqu'à son service militaire sans oublier son passage chez sa tante Antoinette, période pendant laquelle il va rencontrer une des amies de sa tante: Jeanne, celle qui va le soutenir et le marquer à jamais.

Rappelons cette biographie :

Fils de maçon, italien par sa mère, Georges Brassens naît le 22 octobre 1921 à Sète dans l’Hérault. Sa mère, Elvira et son père, Jean-Louis, sont des gens simples et honnêtes. Georges grandit au sein d’une famille nombreuse composée de sa demi-sœur, ses parents, ses grands-parents et leurs chats… À l’école, il n’est pas très en verve, se réveillant à la récréation, et préférant ses cours de musique.

Dès 14 ans, il commence à écrire quelques « fadaises », et c’est au collège que la lecture des poètes l’éveille réellement à l’écriture. Avec ses amis, il découvre la musique et la liberté de l’école buissonnière. À l’aube de ses 18 ans, une sombre histoire de vol le fait écoper d’un an de prison avec sursis, l’humilie auprès de ses proches et des voisins, et le fait renvoyer du lycée. C’est ce déclic malheureux qui le pousse à rejoindre Paris, chez sa tante Antoinette, en février 1940, rue d’Alésia.

Son premier boulot le conduit aux usines Renault de Boulogne Billancourt. Le soir, sur le piano de sa tante, il s’essaie à ses premiers accords. Mais les Allemands envahissent Paris, et Brassens retourne à Sète. Cependant, trois mois plus tard, il ne peut s’empêcher de retrouver la capitale. Ne pouvant reprendre son poste chez Renault, il se jette dans un travail acharné: la découverte de la musique sur le vieux piano d’Antoinette. Il lit beaucoup, pour tuer le temps dans ce Paris désert: Paul Fort, Rimbaud, et surtout Villon. Ce travail le mène en 1942 à publier son premier recueil de poésie, ‘Des coups d’épées dans l’eau’, suivi rapidement de ‘A la venvole’. Il rencontre, parmi les amis de sa tante, Jeanne Le Bonnier, « la Jeanne » qui habite à deux pas de là. Leur relation durera à jamais, malgré la différence d’âge (elle est née en 1891), d’abord amicale, puis amoureuse.

Arrive la guerre et Brassens est envoyé en Allemagne début 1943. C’est alors qu’il rencontre Pierre Onteniente, dit Gibraltar, son ami, secrétaire et compagnon. C’est aussi au STO qu’il fait ses premières armes devant un public, un public si particulier avide d’émotion, d’amour et d’amitié en ces temps difficiles. Lors d’une permission, Brassens «oublie» de revenir en Allemagne, et c’est encore chez Jeanne qu’il se cache à Paris, impasse Florimont, cette cour des miracles où se côtoient poules, chats et chiens, et au milieu, « la cane de Jeanne ». L’appartement est vétuste, mais Georges y restera plus de vingt ans, jusqu’en 1966. Il y vit des moments fabuleux avec ses amis, dont un certain René Fallet. Pendant cette période, jusqu’à la fin de la guerre, Brassens vit caché, profitant de sa réclusion pour écrire, jusqu’à la libération. Ensuite, tout en écrivant, il continue à vivre chez Jeanne.

En 1947, il rencontre Jona, sa Püppchen. Sa vie est rythmée par ses chansons, mais il n’ose pas encore les interpréter et elles restent ignorées de tous. Par relation, il commence à écrire dans la revue ‘Le Libertaire’, revue anarchiste, sous différents pseudos. Mais, lassé, il quitte le journal. Ses démarchages auprès des cabarets parisiens restent vains…

Fin 1951, un ami réussit à faire passer Brassens au Caveau de la République. Ce passage, quoique peu applaudi, redonne confiance à Georges. Il retravaille alors quelques-unes de ses chansons, et le 6 mars 1951, Patachou l’auditionne en public, parmi lequel un certain Pierre Nicolas, futur ami et musicien de Georges. Tout le monde est subjugué, et c’est ce soir-là que Georges devient Brassens…

C'est donc cette période que Michel Arbatz, les étoiles dans les yeux, la voix et les poings, nous emmène visiter les fondations de ce monument de la chanson française. Son interprétation est un bijou... tout y est: magie, prononciation mais surtout il ne copie pas l'original et apporte au texte sa propre poésie. Avec son complice, Olivier- Roman Garcia qui n'est pas en reste côté magie pour le spectateur, ils interprètent tous les rôles. Le décor est simple, épuré et ingénieux: des draps qui pendent aux fenêtres et qui deviennent aussi des écrans sur lesquels sont projetés comme des balles de bonheur les textes et les photos marquantes du poète à moustache. On y découvre ou redécouvre un Brassens inattendu.

Bref, courez-y!!!

 

 Jérôme BAILLET

 

 

Chez Jeanne (La Jeunesse de Brassens)

De et avec Michel Arbatz en duo avec Olivier-Roman Garcia

Autour des lettres, poèmes et chansons de Georges Brassens