On sait qu'humour et musique ont toujours fait bon ménage : il suffit d'évoquer Harpo (des Marx Brothers) et ses gags burlesques ou bien le clown Grock, aux prises avec son piano. Ici, nous n'en sommes pas là : sous le prétexte d'une participation à leur concert, les musiciens attendent Philippe Geluck. Oui, le fameux dessinateur du Chat. On meuble, donc. On nous fait la surprise d'un « bis » final, pour nous faire patienter. Geluck ne peut pas venir, finalement : c'est ce que son image animée nous laisse entendre. Voilà enfin une utilisation sensée de la vidéo… qui sert le propos et nous permettra, par la suite, de sourire aux quelques dessins du même Geluck qui parsèment le concert.

Les Anches Hantées sont donc un quatuor de clarinettistes. Trois hommes et une femme. La mise en scène permet de les singulariser et de faire exister, un peu, leurs personnages. Entre deux facéties (parfois potaches, il faut bien le dire) ils interprètent du Brahms, du Debussy, voire du Katchatourian, avec un sens parfait du groupe. Avec un rythme sans faille. Ce qui a été fait, nous précise-ton (mais on s'en doutait bien un peu) c'est le pari de la transposition : il n'y a pas tant que ça de morceaux écrits spécialement pour quatre clarinettes. Transposition inspirée, donc, et servie, répétons-le, par ces musiciens très doués.

On voyage, en les écoutant, on se laisse porter par la musique, qu'elle soit suave et soyeuse ou bien rythmée, évoquant des soubresauts et des cavalcades. Il existe une version « jeune public » de « Cha(t)rivari ». Où que vous soyez, n'hésitez pas à y aller, en emmenant vos chères têtes blondes : elles en reviendront elles aussi, enchantées (sans jeu de mot)

Gérard Noël

 

Cha(t)rivari

Mise en scène : Jean Manifacier.

Avec : Élise Marre, Bertrand Hainaut, Romain Millaud et Nicolas Châtelain.