Peu de mouvements ont su comme le dadaïsme incarner la révolte, révolte contre la guerre absurde qui ensanglante l'époque (1916), et qu'il entend dénoncer par l'humour, l'extravagance et la dérision.

Cabaret Dada comme son nom l'indique s'appuie donc sur ce mouvement et nous propose chansons, textes et musiques piochés ici et là, des années 1916 aux années 50, mêlant entre autres Apollinaire et Grielidis Real, Anaïs Nin et Boris Vian, Kurt Weil et Gerschwin.

Ils sont trois à nous emmener pour une promenade dans cet univers, dans une suite de tableaux qui restituent bien l'ambiance exubérante, l'atmosphère d'une époque et son influence sur la suite, nous menant des cabarets de Berlin à la liberté que représentait l'Amérique.

Il faut saluer le travail accompli par Blandine Jeannest de Gyvès qui a conçu le spectacle et interprète les chansons de sa belle voix de soprano, entre autres l'éternelle Lili Marlène parvenant à faire  s'évanouir dans nos souvenirs le fantôme de Marlène Diétrich dans les brumes d'un passé de plus en plus lointain.

Richard Leleurtre  assure la mise en scène et dit les textes, voix grave et diction parfaite (mais toutefois moins convaincant lorsqu'il chante !).

N'oublions pas l'exceptionnel pianiste Ludovic Selmi d'une virtuosité époustouflante (superbe interprétation notamment de Rhapsody In Blue).

Les trois compères vont se côtoyer, s'ignorer, se rejoindre au gré des morceaux choisis, certains très connus comme l'inévitable et magnifique « Je ne veux pas crever » de Vian ou l'admirable « Poème à Lou » d'Apollinaire. Magnifique version à trois de la complainte de Mack The Knife de Kurt Weil de l'Opéra de quat'sous.

J'ai juste regretté qu'il n'y ait pas plus de chansons françaises mais la démarche est intéressante et sort des sentiers battus même si l'ensemble peut sembler manquer parfois de cohérence et de simplicité rendant les intentions des créateurs peu lisibles.

Nicole Bourbon

 

Cabaret Dada

de Blandine Jeannest de Gyvès
Mise en scène de Richard Leleurtre

Avec Blandine Jeannest de Gyvès,soprano Richard Leleurtre et Ludovic Selmi (piano)

Scénographie : Jean-Pierre Schneider