LA BELLE HÉLÈNE

 

 

Aimer ou pas ?

Offenbach, dans La Belle Hélène, se livrait à une parodie de l'Antiquité gréco-latine. Philippe Ermelier propose , lui, un pastiche d'Offenbach ! Qu'allait donc donner cette parodie de la parodie ?

Anachronismes, contrastes entre le sérieux habituellement associé aux thèmes antiques et des expressions prosaïques ou familières ont toujours été la base de ce genre.Le texte original est déjà bien loufoque mais Philippe Ermelier a l'esprit inventif. Il trouve donc à en rajouter : Hélène, devenue une «First Lady», rêve de machines à laver, de confort, d'un amant, d'une bonne espagnole, parle de chirurgie esthétique et se fait un masque au concombre. Le cochon du sacrifice fait l'ouverture, tire le rideau et va chercher les acteurs. Les chorégraphies sont modernes, parfois limite tectonique, sur fond d'allusions à Claude François et aux incendies en Grèce. Bref, l'action se déroule dans un joyeux désordre, émaillée d'expressions argotiques,entraînée par la bonne humeur des interprètes. C'est décoiffant, complètement déjanté et de plus accompagné par une pianiste enjouée et très gaie (excellente Akémi Souchay Okumura) qui n'hésite pas à participer et à se mêler de l'action !

Mais, trop, c'est trop : quelquefois,les jeux de mots frisent le ridicule, la mise en scène est un peu brouillonne et l'ensemble, même s'il est sympathique, manque un peu de finesse.Et, il faut bien le reconnaître, dans l'ensemble, les comédiens ne sont pas des chanteurs et les chanteurs ne sont pas comédiens. À part quelques (rares) belles voix, l'ensemble est assez moyen et la distribution souvent loin d'être crédible. Heureusement,leur enthousiasme fait oublier leurs imperfections. C'est vrai, on est loin des belles voix de l'opéra, mais leur force, c'est qu'ils ne se prennent pas au sérieux.Car ça fourmille d'idées, l'ambiance est chaleureuse, on rit beaucoup, et l'on sent bien que chacun sur scène se donne à fond. Ça change des spectacles académiques et heureusement la partition est respectée à 90%, et l'on retrouve avec plaisir les airs célèbres.

On est plus dans un style cabaret qu'opérette, mais on passe un bon moment malgré les imperfections .Même si par instant on éprouve la curieuse impression d'assister au spectacle de fin d'année d'une troupe amateur.

Au final, on en sort assez troublé, sans vraiment arriver à démêler si on a aimé ou détesté !

 

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