Une pièce sur Barbara ? Et la comédienne chante ? Ouaouhh ! J'avoue que, à l'image de la devise de la longue dame brune qui donne son titre au spectacle, « J'ai un peu peur, mais j'avance ». Il est vrai que le challenge est énorme. S'attaquer à une telle icône, adulée par des millions d'adeptes (dont moi), c'est courageux et forcément « casse gueule ».

Sauf si on prend l'option, comme le fait l'auteur et interprète Véronique Daniel, d'évoquer le parcours d'une femme dont la vie et l'œuvre sont intimement liées. Vu sous cet angle, le spectacle devient passionnant car il lève le voile sur les coulisses de la vie de cette femme qui « chantait ce qu'elle ressentait pour respirer parce que les mots qui sortaient de sa gorge l'étouffaient ».

Écrit à partir de son autobiographie, de ses interviews, des témoignages de ses collaborateurs et amis, ce portrait est calqué sur la vie de la chanteuse. Quand son père l'appelle à son chevet après des années de silence pétries de souffrance, elle écrit « Nantes ». Quand la jeune pianiste qui l'accompagne au cabaret « L'Écluse » meurt dans l'accident de voiture dont Serge Lama sort brisé physiquement, elle écrit « Une petite cantate ». Quand l'homme qu'elle aime la quitte, elle lui demande « Quand reviendras tu ? » et quand il revient elle crie « La joie de vivre ». Et quand elle fait une tournée à Göttingen qui l'accueille chaleureusement, elle lui rend hommage. Chaque morceau qui nous a déchiré le cœur mais aussi fait rire ou sourire est une tranche de vie de Barbara. Une femme à fleur de peau qui croquait la vie à pleines dents au risque de se les casser !

Pour ceux qui l'ont aimé, voire idolâtré (je n'ai plus jamais vécu une telle passion collective comme à un concert de Barbara), le fondement de ce spectacle est opportun même si la voix de Véronique Daniel n'a rien à voir avec celle de Barbara. Et tant mieux quelque part car on s'attache à la femme plus qu'à la chanteuse qui anesthésiait tout entendement dès que le timbre de sa voix s'égrenait. Pour preuve, la fin du spectacle qui se termine sur la voix inimitable de Barbara qui chante « Ma plus belle histoire d'amour c'est vous ». Alors l'émotion jaillit, ma gorge se noue et …je pleure !

Patricia Lacan Martin

« Barbara… j'ai peur, mais j'avance »

Biographie écrite et interprétée par Véronique Daniel

Mise en scène Alain Bonneval, illustration musicale Alain Bernard
Décor Héloïse H