AZOR

Athénée Théâtre Louis-Jouvet
square de l'Opéra Louis-Jouvet
7 rue Boudreau
75009 Paris
01 53 05 19 19 

Jusqu’au 13 janvier 2019
à 20h, (sauf le 8 janv à 19h, les dimanches à 16h.

 

Azor loupe 

Cette opérette (on ne disait pas encore comédie musicale à l'époque) date de 1932. Arletty la créa. Parmi les auteurs (au nombre de trois) on compte Albert Willemetz et parmi les compositeurs (même nombre) il y a Gabaroche. Le premier a encore une petite notoriété et le second, lui, est complètement oublié, malgré les mille et une musiques qu'il a pu composer (dont "La jeune fille du métro"... pour mémoire)

« J'adore ta bobine, Azor, j'adore tes babines, Azor ... ! » je défie quiconque, après avoir entendu cette chanson de ne pas l'avoir en tête pour un bon bout de temps. Il faut dire qu'elle est jouée (et chantée) deux ou trois fois. Ce qui n'est pas le cas d'autres "tubes" comme "Le dire, c'est bien, le faire, c'est mieux..." ou encore "C'est un p'tit camarade..." . Là est sans doute le hic. Faute de redites, on oublie. Or, une opérette réussie, c'est quand on peut fredonner, en sortant, deux ou trois titres.

L'histoire, ici, est simple : un jeune et sémillant commissire de police, poète à ses heures, aime une jeune fille, laquelle ne l'aime pas car elle n'aime pas les vers. Une autre femme, mariée,  aime Azor (c'est le surnom du commissaire) et lui ne l'aime pas. On voit bien le côté racinien de la chose. Il y a aussi une bande de cambrioleurs (dont une jeune fille, Cloclo la Panthère et un savoureux ex-prestidigitateur)  et des gens de la "haute".  Ajoutez des quiproquos, une soirée mondaine assez délirante... et tout finit bien, comme on s'y attendait.

On pourrait reprocher aux auteurs d'avoir soigné les deux premiers actes au détriment du troisième : là, ça se traîne, on chante et danse moins, il y a, disons-le, des longueurs et des incohérences dans ces histoires de bijoux volés puis restitués.

C'est dommage, car l'approche du metteur en scène est intelligente : il a modernisé tout ça, mis un orgue, une guitare basse et une batterie sur scène. Il a fait travailler ses comédiennes-chanteuses-danseuses et comédiens-chanteurs-danseurs dans l'énergie et le second degré. Tout roule. Les calebours comme les à peu près. Ça danse, ça frétille, ça éclate... pour le plaisir des spectateurs. Décor stylisé et bien conçu. Éclairages efficaces.

Saluons l'interprétation en général : Julien Alluguette est un avocat bondissant, en faisant des tonnes, mais c'est le jeu. Quentin Gibelin prête sa fausse naïveté à Azor. Jolies prestations de Fanny Fourquez  et Estelle Kaique. Gilles Bugeaud se démultiplie, assumant et transcendant chacun de ses rôles.  Les musiciens ne sont pas en reste, qui se mêlent à l'action, jouent, faisant, au besoin, un chœur parodique.

C'est une soirée plaisante où l'on vient se délasser.

Dans l'ensemble, c'est plutôt réussi.

Gérard Noël

 

Azor

Livret : Albert Willemetz, Max Eddy, Raoul Praxy.
Musique : Gaston Gabaroche, Pierre Chagnon, Fred Pearly
Mise en scène : Stéphane Druet

Avec : Julien Alluguette, Gilles Bugeaud, Fanny Fourquez, Quantin Gibelin, Emmanuelle Goizé, Estelle Kaique, Pierre Méchanick
et les musiciens Antonin Fresson, Tristan Bex, Emmanuel Bex

Lumières : Christelle Roussine
Chorégraphie : Alma de Villalobos
Scénographie : Emmanuelle Goizé
Costumes : Denis Evrard
Son : Kulien Bénézet

 

Mis en ligne le 23 décembre 2018