Théâtre Douze
6, avenue Maurice Ravel
75012 Paris
01 44 75 60 31

Jusqu’au 14 février
du mardi au samedi à 20h30
dimanche à 15h30

Puis les 19 et 20 mars à Luzy, le 29 avril à Vizille.

 

 Crédit photo : Jean Luc Romeo

Gilles Granouillet est un auteur subtil qui s’inspire souvent de la dureté que le monde contemporain impose aux êtres faibles, ceux dont la carapace ne s’est jamais endurcie depuis l’enfance. Dans Zoom, il fait sortir de l’ombre une jeune femme. Une femme du peuple comme on aurait dit avant. Mais elle est seulement une femme simple, une femme à qui l’on n’a pas appris qu’elle avait comme tout à chacun une place dans cette société de plus en plus élitiste.

Son destin est de subir les événements de la vie car elle n’est pas armée pour la diriger.

C’est ainsi qu’elle tombe enceinte à dix-sept ans après une étreinte fugace dans une salle de cinéma et se retrouve jetée à la rue par sa mère avec un enfant à élever seule. Mais pas exactement à la rue, non, car l’histoire se déroule de nos jours où une forme de protection sociale existe, elle se retrouve donc jetée aux mains des Institutions : foyers pour jeunes mères célibataires, assistantes sociales de toutes sortes, logements sociaux et aides sociales qu’il faut en quelque sorte mériter par un comportement raisonnable, maternel, adulte sous peine de se voir couper les vivres ou se voir arracher son enfant.

Bref un destin tragique et populaire.

Pourtant rien dans l’écriture de Gilles Granouillet ni dans le jeu d’Annette Benedetti n’est misérabiliste. Ce sont les facettes naïves et imaginaires du personnage qui s’incarnent sur le plateau. Sa part de rêve, de révolte, d’enfance avec en point d’orgue : Hollywood !

Le spectacle ne s’appelle pas Zoom pour rien. Non seulement, il serre le focus sur un être particulier irrémédiablement enfermé dans une pauvreté sans espoir, mais il fait éclater cette réalité grâce au rêve américain. Un rêve incarné par ce fils. Un fils voué à devenir la revanche de cette mère en devenant vedette de cinéma ! Ne l’a-t-elle pas dès sa naissance prénommé Burt, comme Burt Lancaster ?

Il y a beaucoup de tendresse, beaucoup de colère contenue dans l’interprétation d’Annette Benedetti. Une maladresse qui touche et donne à son personnage l’épaisseur de la vérité. Un personnage soudain armé d’un courage inouï pour venir ce jour-là parler devant les parents d’élèves réunis pour la réunion annuelle de début d’année du collège de son fils.

Un double défi pour cette femme que de parler dans ce lieu où les gens s’expriment si facilement : l’école ! Ce temple où elle n’a certainement jamais eu la force de dire un mot.

Bruno Fougniès

 

Zoom ou l'itinéraire d'un enfant pas gâté

Auteur : Gilles Granouillet
Mise en scène : Jean-Marc Galéra

Avec Annette Benedetti