YVETTE HORNER ET L’ODEUR DU MOUTON
Gare au Théâtre
13, rue pierre Sémard
94400 Vitry s/Seine
01 55 53 22 26
Jusqu’au 17 juillet à 21h00
Ce sont des bribes. Morceaux de mémoires. Écumes visibles des souvenirs. Vagues de nostalgies charriant colères, malaises et joies impérissables. Ce sont tous ces éclats d’enfance dont chacun de nous est fait qui sont les pièces de constructions matière de ce spectacle.
Seul en scène, Mohamed Guellati est lui-même une matière faite de corps et d’esprit, traversée, enflammée, manipulée par ces éclats qui explosent en lui et hors de lui en tentant de mettre au monde la question des origines et des images anciennes, des combats perdus ou gagnés, des fausses croyances qui sont l’essence.
Cet accouchement multiple se déroule dans une scénographie de chantier de construction sur les ruines d’un immeuble. Un labyrinthe hétéroclite en accord avec les morcellements du texte : palettes, siège en fer renversé, parasol, guirlande de bal. Éléments de décors avec lesquels joue le comédien, qu’il déplace et transforme au fil de son récit pour recréer l’espace et nous emporter vers les querelles de l’immeuble de sa petite enfance en province française, ou vers ses premiers pas en Algérie.
Avec ce texte, Mohamed Guellati tente de mettre en acte le difficile compromis entre histoire personnelle et histoire commune. Plus que l’idée de double culture, il exprime le mouvement incessant qui se joue à l’intérieur de l’homme en quête de reconnaissance lorsque celui se nourrit d’une multitude culturelle.
C’est la force de ce texte qui évite soigneusement les poncifs de même qu’il ne se laisse pas tenter par les sirènes de la revendication ou du règlement de compte.
C’est ainsi que sourires, rires, nostalgies et révoltes surgissent les uns après les autres pour donner vie et chair à la narration.
Un jeu de lumière élaboré concoure à rendre ces allers-retours entre présent et passé palpables. La mise ne scène de Corinne Bastat donne le rythme à la pièce, jouant vivement avec les changements de costume et l’occupation animée de tout le plateau. Elle permet de donner à ce récit épique et morcelé une unité, une cohérence, le discret mortier capable de faire tenir toute la construction.
Pour faire un jeu de mots un peu bête, voici un spectacle à bribes abattues.
Bruno Fougniès
Yvette Horner et l’odeur du mouton
Écriture et interprétation : Mohamed Guellati
Mise en scène : Corinne Bastat
Scénographie, costumes et marionnette : Émilie Jouve
Création Lumières : David Mossé
Musique : Alban Rouge
Avec Mohamed Guellati
Mis en ligne le 16 juillet 2016