Il faut reconnaître à ce comédien un certain humour puisqu'il sous-titre son spectacle « artiste dramatique ». On pense immédiatement à ces cabotins au phrasé ronflant, sourcilleux sur la fin de tirade et les liaisons. L'ombre d'un Saturnin Fabre plane sur scène. On n'en est pas loin : Xavier-Adrien est un bon comédien qui joue les ganaches poussiéreuses tout en nous donnant, mine de rien, une leçon de théâtre. Cela commence par « Océano nox » que divers incidents viennent interrompre. La lumière ne va pas, puis la bande-son. Enfin, ce sont les spectateurs… tout concourt à l'énervement de l'acteur qui finit par craquer et menacer de quitter la scène. Au passage, il nous glisse un autre texte du grand Hugo sur l'ignorance, source de vice. Un texte encore d'actualité.

Faire venir un spectateur sur scène est un grand classique : cela marche une fois encore, même si des blagues faciles auraient pu être évitées. C'est l'occasion, en tout cas, de s'interroger sur ce qui fait un comédien et l'espace qu'il crée, l'illusion qu'il produit. Comme quoi nous ne sommes pas là uniquement pour rire.

En fait, bien conçue et réalisée, c'est à une balade poétique entre des textes connus ou moins connus que nous convie Xavier-Adrien Laurent (dit XAL). Il a de la ressource : aussi à l'aise quand il évoque sa jeunesse, ses premiers cours de théâtre et ses débuts dans le rôle de Titus. C'est à ce moment que le spectacle décolle : on frôle alors le délire, entre des mises en boîte de la pub et le théâtre envisagé comme une rencontre footballistique. Sans oublier les tacles à l'OM et « Plus belle la vie ». Inspiration, talent de l'interprète, rythme impeccable, XAL empoigne son public et ne le lâche plus. Et finit son hommage aux mots par du Akhénaton !

La mise en scène et les lumières (fort bien réglées) sont au service de la folie de notre homme dont tout ce qu'on peut dire en sortant, c'est : « Encore ! »

Et recommander, bien sûr, à chacun et chacune de s'y précipiter.

 

Gérard Noël

 

 

Xavier-Adrien Laurent

Textes de XAL avec la complicité de Hervé Lavigne et Sam Khébizi

Mise en scène : Hervé Lavigne.
Collaboration artistique : Marie Guibourt.
Lumières : Stéphane Néville.
Costumes : Sabine Richaud