UN POÈTE À NEW YORK – FEDERICO GARCÍA LORCA

Théâtre de l'Epée de Bois
Route du Champ de Manœuvre
75012 PARIS
01 48 32 47 06

Jusqu’au 15 février 2016 les lundis à 20 h 30

Vu au Théâtre Darius Milhaud en décembre 2015

Un poète à New York loupe 

Publié à titre posthume, le Poète à New York est un recueil d’un abord plutôt difficile. À ce titre, et car c’est une autre facette de Federico García Lorca dont on ne compte plus les adaptations des poignants « drames de femmes dans les campagnes andalouses », il faut saluer le travail de Dolores Lago Azqueta et de la compagnie des Oiseaux Migrants.

En 1929-1930, c’est en proie à une dépression causée notamment par la difficile acceptation de son homosexualité dans une Espagne traditionnaliste, que Lorca séjourne à New York. Il découvre alors une ville mouvementée, difficile à apprivoiser. Ses errances le conduisent à interroger son identité et l’altérité qu’il découvre alors. Le poète à New York propose alors sa « réaction lyrique », amère et vivante, sombre et onirique face à la grande métropole. Il parle de son enfance avant de dédier des poèmes aux noirs du quartier de Harlem victimes de l’oppression et de l’injustice. Puis, il  critique les financiers de Wall Street, dénonce les loisirs faciles de Coney Island, raconte un séjour  paisible à la campagne qui tourne cependant au tragique, avant de découvrir la lumineuse capitale cubaine qui se pare de couleurs andalouses.

Sur scène, il s’agit en fait de la traduction d’une lecture effectuée par Lorca à Barcelone qui commence ainsi : « Aujourd’hui je ne viens pas pour vous amuser. Je n’en ai ni l’envie, ni le goût, ni le désir. Je suis plutôt venu me battre. Me battre au corps à corps contre une masse tranquille, car ce n’est pas une conférence que je vais vous donner, c’est une lecture de poésies, de ces poésies qui sont ma chair, ma joie et ma peine… ». Par la suite, le texte convoque tout l’imaginaire lorquien et les images poétiques qui lui sont chères – le « paysage-état d’âme », l’importance des couleurs, la symbolique de l’eau, entre autres –, tout en prenant une dimension sociale évidente.

Pour servir ces paroles le comédien Mario Tomás  López, vêtu d’un costume et d’un nœud papillon qui rappellent une célèbre photographie de Lorca, se veut habité par le duende, l’inspiration, si précieux au poète de Grenade. À fleur de peau, ému aux larmes ou crispé lorsqu’il évoque les injustices sociales, il vit le texte et ne se contente jamais de le réciter.

Un spectacle qui interpelle, qui donne envie d’aller lire ou relire le texte – surtout le passage sur le grand masque –  et ce, bien qu’on n’en saisisse pas toujours toutes les subtilités… Mais, comme disait Lorca : « toutes les choses ont leur mystère, et la poésie c’est le mystère de toutes les choses ».

Ivanne Galant

 

Un poète à New York - Federico García Lorca

Mise en scène : Dolores Lago Azqueta et José Luis Roig

Avec : Mario Tomás  López

Régie : Patricia Luis-Ravelo

 

Mis en ligne le 5 décembre 2015
Actualisé le 29 janvier 2016