Théâtre Antoine
14 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
01.42.08.77.71

À partir du 16 septembre 2016
30 représentations du mercredi au samedi à 19h00

 

  Photo © Culturebox / France 3

Sur la scène du théâtre Antoine, c’est un Édouard Baer tout en pudeur qui prête sa voix au texte de Patrick Modiano, Un pedigree. Clé de voûte de son œuvre littéraire, l’auteur y évoque ses parents, son enfance et sa jeunesse vécues « en transparence », comme s’il était le spectateur d’un étrange tourbillon avant de pouvoir trouver enfin sa place, au moment de la publication de son premier roman.

Édouard Baer parvient à se glisser dans la peau de l’écrivain avec élégance. Dans la pénombre de la confession, sa musicalité est un curieux mélange d’hésitation et d’assurance. Elle rappelle bien sûr celle de Patrick Modiano mais jamais le comédien ne se laisse aller à l’imitation poussive. Le mot sonne toujours juste, comme chez l’écrivain.

En fouillant dans les tiroirs du bureau qui occupe la scène, en en sortant de vieux papiers, Édouard Baer recrée une ambiance intime et à la fois familière. Des dates, des noms, des lieux se succèdent et la vie prend souvent des allures d’enquête policière. Une enquête qui nous fait rapidement comprendre que les thèmes de prédilection de l’auteur lui viennent de ces années marquées par le désintérêt et l’abandon de ses parents. Coincé au milieu d’une mère artiste fauchée et d’un père absent ou mal présent qui souhaita à maintes reprises se débarrasser de son garçon, il affirme : « Je suis un chien qui fait semblant d’avoir un pedigree ». On ressent la souffrance de l’enfant et du jeune homme et l’on pense à la mise en littérature des ambiances qui lui sont chères :  la guerre et l’après-guerre, l’identité et les doubles identités, les théâtres et leurs coulisses, les hôtels et leurs clients mystérieux.

Une plongée dans la géographie intime de Patrick Modiano remarquablement interprétée par Édouard Baer. 

Ivanne Galant

 

Un pedigree

D’après le texte éponyme de Patrick Modiano (éditions Gallimard)

Avec Édouard Baer

Lumières : Joël Fabing
Collaboration artistique : Anne Berest