C'est effectivement une belle surprise que nous réserve ce spectacle.

Sur le plateau, un lit et une baignoire. Blancs et noirs. Seule note de couleur, des escarpins rouges.

Et puis Émilie Prevosteau. La révélation, une vraie découverte.

Menue, fragile, voix enfantine. Pas vraiment Marilyn physiquement. Et pourtant…

Elle incarne à la perfection ce que souhaitait l'auteur et metteur en scène, Amine Adjina, présenter Marilyn comme un concept.

Le concept inventé par Norma Jean pour devenir la star qu'elle rêvait d'être. Un concept qui aura fini par la dévorer, la phagocyter, la détruire.

Dans un jeu totalement frontal, la comédienne joue de l'image, s'adresse au public, souvent yeux dans les yeux, dans un monologue qui n'est ni un portrait ni un hommage mais une longue interrogation. Rapport direct entre un personnage et son public. Entre un personnage et celui qui l'incarne. Un long, riche et prenant monologue sur la condition d'acteur. Sur ce métier de faux semblants. Et sur la capacité de ceux qui décident de le faire à se donner complètement, à s'exposer, à s'oublier soi-même. La réussite est à ce prix exorbitant qui rend l'artiste prisonnier de la créature qu'il a créée et qui peut finir par le tuer.

Et on est saisi, bouleversé. Et on ne sait plus qui nous parle. Est-ce Marilyn ? Est-ce Norma Jean ? Est-ce la comédienne ? Ou encore l'incarnation de tous les comédiens ? Où finit la réalité ? Où commence la fiction ?

« Il suffit de dire je suis Marilyn Monroe Pour ne plus avoir peur. Pour un instant ne plus avoir peur Je suis Marilyn Monroe. »

Mais comment survivre à un tel paradoxe, une telle contradiction entre l'image et le réel ?

« Je ne suis pas folle c'est comme si ou je ne sais pas comment être là être arrivée là non je ne suis pas folle erreur ils ont fait erreur ou moi moi c'est moi qui ai fait erreur j'ai cru en cette femme cette femme qui m'écoutait qui parlait parfois mais peu qui écoutait ma psy cette femme ma psy et voilà on devient folle on parle et on devient folle il faut leur dire je ne suis pas folle » 

Le téléphone sonne. Marilyn ne répond plus. Trouant le silence, la voix de Marilyn, "One silver dollar" du film "The river of no return". Noir. Clap de fin.

Nicole Bourbon

 

 

Sur-prise

Écrit et mis en scène par Amine Adjina

Avec : Émilie Prevosteau