STÉPHANE GUILLON

En tournée dans toute la France
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Et à l'Olympia en mai 2012

Chapeau l'artiste ! Pendant 2 heures – qui passent à une allure folle –, il nous promène dans son univers caustique, ironique, parfois méchant, - « si l'humour s'arrête là où la méchanceté commence, il ne me reste rien », revendique-t-il d'ailleurs, parfois avec une touche de poésie, mais toujours élégamment écrit, sans vulgarité, frappant juste, osant dire tout haut ce que beaucoup n'osent avouer et toujours dans une grande sincérité de jeu.

Véritable homme de scène, il arpente l'espace à la manière d'un Bedos – qu'il imite d'ailleurs fort bien –, joue avec le public, l'apostrophe, le flatte, module sa voix à merveille, toutes facettes mises en valeur par la mise en scène de Muriel Cousin, sa compagne à la ville.

Sa manière de dénoncer les maux de notre société en caricaturant à l'extrême peut certes choquer certains mais voilà une façon efficace de poser le doigt là où ça fait mal.

Se baladant entre stand-up et sketches, aussi à l'aise dans l'une ou l'autre discipline, il dresse sans aucune retenue un portrait impitoyable de notre époque, ses outrances, ses injustices, traque impitoyablement nos faiblesses, notre égoïsme, nos lâchetés. Il croque d'un trait incisif chaque scène : le prof racontant à ses élèves la république de Sarkozy 2007/2017, la séance photo de Bernard Henri Lévy dans l'enfer afghan, le dialogue avec Dieu, le milliardaire qui perd à la bourse.

Il faut le voir, l'œil malicieux, la mine réjouie, se délecter des énormités qu'il profère, s'amuser des réactions du public, improviser sur un évènement inattendu – des spectateurs en retard, une araignée qui tombe devant la scène –, nous faire rire de nos peurs – celle de vieillir, la mort, le handicap –.

J'ai longtemps pensé Coluche irremplaçable. Stéphane Guillon, bien que d'un style différent, est de cette même veine de trublions insolents d'une grande nécessité en ces temps où nos démocraties vacillent.

 

Nicole Bourbon