Au théâtre le Brady
39 Bd de Strasbourg
75010 PARIS

Jusqu’au 28 mai 2015
du mardi au jeudi à 20h.

 

On connaît le crâne chauve et la silhouette osseuse de Laurent Spielvogel, brillant second rôle dans nombre de films et pièces de théâtre. Ici, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises, il nous convie à un seul en scène… plus personnel sans doute que les précédents, puisqu’il convoque sa famille et qu’il y évoque son enfance. Celle-ci ressemble à beaucoup d’autres, sauf que le petit Laurent a un goût très net pour les déguisements, ces rideaux, notamment, dans lesquels il se drape pour défiler entre cuisine et salle à manger, ceci au grand dam de sa mère. Son père, lui, préfère tourner les talons en bougonnant. Autre numéro, sa grand-mère (Oï, oï, oï !) jamais avare de conseils et personne très attachante malgré sa légère tendance à la parano. Que Laurent passe par un conservatoire et s’y rêve en Lorenzaccio, on lui fait bien savoir qu’il a tort de trop miser sur une mèche destinée à disparaître « avant trente ans ». Son prof, pour tout dire, ne donne pas un kopek de son avenir. Mais Laurent s’entête. On ne peut pas dire qu’il ait eu tort !

Sur cette scène au décor nu et aux costumes pour le moins sobres, l’essentiel est ailleurs : dans le jeu avec le souvenir, dans ce personnage sur scène, qui est un… et dix à la fois. Qu’il évoque ses vacances familiales ou ses déboires amoureux, il est parfait : virevoltant, inspiré, sérieux et bouffonnant à la fois. Il nous fait même vivre une improbable rencontre entre Barbara et Sylvie Vartan, imaginant que les deux chanteuses échangent pour un temps leur répertoire. Du grand art.

L’émotion point souvent, notamment lors d’une scène dans un hammam où un vieil homo le drague. Le masque de Spielvogel se calme alors, sa voix barytonne dans les graves et il semble que tout un passé resurgisse devant nous. C’est là la principale qualité du spectacle, se situer, pour le comédien, sur le fil entre la vraie vie et la nécessaire re-création théâtrale.

Gérard Noël

 

Écrit et interprété par Laurent Spielvogel.

Mise en scène : Jérôme Sanchez, assisté de Raphaël Jothy.
Costumes : Sylvie Blondeau