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SOUS MA PEAU |
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Au Lucernaire « Je voulais, bien évidemment, éviter de tomber dans le voyeurisme qui de toute façon ne dévoile rien d'intérieur, ou dans l'imagerie triviale de la sexualité, je voulais trouver une forme théâtrale qui permette de transposer la réalité parfois très crue sans l'effacer. » écrit Geneviève de Kermabon dans sa note de mise en scène. Et c'est peu de dire qu'elle a réussi son challenge, tant elle apporte de grâce, d'originalité, d'humour, de poésie aussi à ce sujet éminemment « casse-gueule » de femmes confrontées à leur propre sexualité et à celle des hommes. Elle arrive en scène dans la peau de Grisélidis Réal, prostituée auteur d'ouvrages dans lesquels elle se raconte, sous le masque caricatural d'une vieille femme aux longs cheveux blonds filasse. Une anecdote sert de point de départ, celle où Grisélidis à 75 ans se retrouve blessée de la fellation que son amoureux lui demande de faire « sous la pluie, dans le froid avec tout le monde qui peut les voir... ». Tout au long du spectacle, la comédienne se mettra dans la peau de divers personnages, hommes ou femmes, utilisant marionnettes, pantomime, numéros d'acrobate ou d'équilibriste avec un égal bonheur, devenant tour à tour narratrice ou actrice de l'action racontée. Toute frêle et menue, elle dégage cependant une force et une maîtrise incroyables, et entraîne le spectateur dans un univers de tissu, papier, cordes et bouts de ficelles qui comme par magie deviennent des êtres de chair entre ses mains. Les numéros se succèdent, de masques en tenues improbables créés sous nos yeux, au fil de scènes créatives et subtiles, réalistes et symboliques, accompagnées des musiques originales toutes chargées d'émotion de Jean Marie Sénia, que les lumières de Pascal Sautelet vont nimber d'une grâce légère et sensuelle. La nuit d'amour avec le pantin-trapéziste est un moment inoubliable, à la fois onirique et réaliste, tout empreint de force en même temps que d'une infinie douceur, touchant et impressionnant de virtuosité, d'inventivité. Nous cheminons ainsi avec elle, mais aussi avec Charlotte, avec Marlène, avec Jean-Louis, tous ces êtres meurtris qui vont peu à peu l'aider à trouver sa vérité, à se trouver. « Mais pourquoi une chose si simple a-t-elle été si difficile... ? » nous lance-t-elle en conclusion.
Nicole Bourbon
Sous ma peau De et avec : Geneviève de Kermabon
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