Le spectacle se présente comme une « tragi-comédie mégalo dramatique » qui semble basée sur l'expérience personnelle de Claire Traxelle, auteure du texte, de sa mise en scène et son unique interprète. Pendant une heure, la comédienne revient sur des moments supposés de sa vie : de l'exercice de méditation à la séance chez le psy, de la recherche désespérée de l'amour à la remise du prix de la « Loose d'or ». Un contenu autobiographique (?) qui permet tout de même de se rendre compte que Claire Traxelle peut se glisser dans la peau de plusieurs personnages. On s'amuse à l'évocation de sa mère catholique ainsi que des « visualisations projectives » d'elle-même à l'âge de 54 ans. On se réjouit de la voir en vieille fille ayant reporté tout son amour sur Kiki le chien ou en bourgeoise confite dans sa bonne conscience optimiste. On s'esclaffe devant cette voyante qui lit l'avenir dans les légumes – sans doute le sketch le plus drôle.

On peut regretter parfois un certain manque de continuité entre un personnage et le suivant, mais d'un autre côté le mérite est grand car les changements de costumes, d'ambiance et de ton sont fréquents. Un spectacle surprenant grâce à une variété polymorphe qui se remarque non seulement dans les personnages interprétés mais encore dans les supports utilisés. En effet, la vidéo tient une place importante dans le spectacle : mention spéciale à l'extrait du « Songe d'une nuit d 'été » de Shakespeare en version filmée, avec pour décor une ville la nuit, ainsi qu'à la partition de psychanalyse sauvage interprétée par un Jean-Claude Dreyfus truculent. La bande originale n'échappe pas à la règle de la diversité: Tina Turner côtoie Nicoletta et Dalida tandis que « Les Bêtises » de Sabine Paturel sont revisitées à la mode flamenco.

Derrière l'humour, qui nous rappelle parfois Bérengère Krief ou Valérie Lemercier, l'émotion est palpable. Les références à la difficulté de se faire une place comme actrice, ou la dénonciation de pratiques répréhensibles sévissant dans le monde de la production montrent que le rire n'est pas gratuit. On ne peut que dire merci !

Ivanne Galant

Merci

De, par et avec Claire Traxelle
Assistant à la mise en scène : Nicolas Goergen
Avec la participation amicale de Jean-Claude Dreyfus