MADAME MARGUERITE
Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame des champs
75006 Paris.
01 45 44 57 34
Jusqu’au 27 janvier 2018
du mardi au samedi à 19h00
Ce texte écrit par l’auteur brésilien Roberto Athayde, a été rendu célèbre par l’interprétation d’Annie Girardot dans une adaptation de Jean-Loup Dabadie, en 1974. Quarante-trois ans après, Roberto Athayde adapte une nouvelle fois ce texte plus proche de l’original écrit en 1970 sous la dictature militaire au Brésil. L’auteur lui-même insiste sur le parti pris poétique de la metteure en scène Anne Bouvier qui livre une version drôle et cinglante du texte.
C’est l’histoire de Madame Marguerite, une institutrice de CM2, qui enseigne sa vision subjective de l’existence à ses élèves. L’apprentissage ne semble pouvoir se faire que dans l’obéissance et la coercition. « Ceux qui sont les plus méritants sont ceux qui sont obéissants » écrit-elle sur le tableau noir, seul décor avec une table et un squelette. Le contexte historique dans lequel ce texte a été écrit éclaire d’une autre lumière son sens. Cependant, sa poésie, la situation dramatique et l’espace neutre dans lequel l’histoire se déroule, rendent son propos universel et intemporel. Madame Marguerite demande à plusieurs reprises s’il y a un élève du nom de « messie », « jésus » ou « Saint-Esprit », l’absence de réponse la conforte. S’oppose-t-elle à la croyance aveugle en les représentations de Dieu alors qu’elle-même reproduit avec ses élèves cette servitude ?
À New-York, Roberto Athayde a fait des happenings à partir de ce texte en prenant intensément le public à partie. Il considère qu’il est impossible pour un metteur de scène de reproduire cela car le texte est, pour ce dernier, un objet artistique qui se suffit à lui-même. En effet, au Lucernaire, le texte est le cœur du spectacle, le public est désigné comme un autre personnage figé, sans paroles. Pourtant, j’aurais aimé que Stéphanie Bataille sorte de la linéarité du texte et joue avec les réactions spontanées du public afin d’imprégner ce huis clos d’une atmosphère plus oppressante. Son interprétation de la folie du personnage ne fait pas basculer le spectateur dans la peur, ce dernier rit, parfois jaune. Il faut reconnaître, toutefois, sa diction parfaite qui fait résonner merveilleusement le texte.
Madame Marguerite est un texte aux tonalités subtiles, loin de tout manichéisme. Le personnage est schizophrène, contradictoire, symbole de la complexité humaine mais pourtant son message est universel et optimiste : « Faites le bien, c’est la seule façon d’être heureux ».
Alexandra Diaz
Madame Marguerite
de Roberto Athayde
Mise en scène Anne Bouvier
Avec Stéphanie Bataille
Lumières : Denis Koransky
Décors : Emmanuel Charles
Costumes Elisabeth Tavernier
Production Jean-Marc Dumontet
Mis en ligne le 26 novembre 2017