MA FOLLE OTARIE

Théâtre De Belleville
94 Rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
01 48 06 72 34

Jusqu’au 18 juin
du mercredi au samedi à 21h15

Puis au Festival d’Avignon Off

Théâtre des Halles
Rue du roi René
84000 Avignon
04 90 85 52 57

Du 6 au 27 juillet à 14h
(Relâches les 11, 18 et 24 juillet)


Ma folle otarie loupe Crédit photo © Hennette

C’est un homme au sommet de l’ordinaire qui apparaît sur le plateau nu. Il fait partie de ces gens sans importance, sans talents particuliers, les champions du moyen, du médiocre et de la transparence. Un personnage qui a aussi certainement quelques cousinages avec Akaki Akakiévitch, héros de la nouvelle « Le manteau » de Gogol ou encore Gregor Samsa de « La Métamorphose » de Kafka car lui aussi subit un beau jour, sans qu’il en sache la raison, une transformation radicale de son corps : son postérieur devient chaque jour un peu plus gros. Il double, triple et décuple. Une mutation qui va bouleverser sa vie terne et banale et la transformer en une épopée étrange, vive, revigorante.

Pierre Notte invente ici une histoire qui dynamite la réalité grâce à l’absurde. Et l’on suit pas à pas les égarements cocasses et dramatiques de cet homme dont le fessier devient si gigantesque qu’après lui avoir fait tout perdre, travail, logement et anonymat, il finira par dévorer toute son existence et son être et lui faire découvrir un monde qu’il n’aurait jamais pu imaginer.

Le texte que Pierre Notte donne à son personnage est riche, fait d’un phrasé abondant, débordant parfois. Les phrases caracolent les unes après les autres, flirtent avec la poésie, font jaillir du tragique des situations la cocasserie, l’humour et la dérision. Brice Hillairet s’empare de ces mots avec une réelle gourmandise, un plaisir de dire qu’on croirait parfois musical.

Sans aucun accessoire ni décor, seulement soutenu par de rares effets de lumières, il n’a que son corps, sa voix et sa capacité d’évocation pour incarner ce personnage, son étrange transformation physique et le voyage qu’il entreprend contraint et forcé. Il y parvient parfaitement et son corps frêle n’empêche pas de se représenter la gigantesque profusion de chair qui le tourmente.

Cette ballade au pays de l’absurde et du fantastique possède aussi une sorte de nostalgie comme si cette histoire n’était plus vraiment possible à l’heure actuelle mais qu’elle se déroule en fait dans les années 70... un monde qui n’existe déjà plus… c’est peut-être la distance nécessaire pour permettre au rire et à l’ironie d’éclater.

Bruno Fougniès

 

Ma folle otarie

Texte et mise en scène Pierre Notte
Création lumière Aron Olah

Avec Brice Hillairet

 

Mis en ligne le 11 juin 2016