À La Folie Théâtre
6, rue de la Folie Méricourt
75011 Paris
Tél : 01 43 55 14 80

Jusqu’au 27 Janvier 2019
Jeudi 19h30, samedi 18h, dimanche 16h30

 

 

La pénombre, des bougies, une voix grave sans visage, celle d’une mère qui annonce qu’elle vient de perdre son enfant, cela démarrait bien. Au fond, cette scénographie sobre et sombre pour accueillir la force des mots d’une femme à l’homme qu’elle aime en secret depuis toujours m’aurait suffi. La nouvelle de Stefan Zweig, publiée en 1922, est d’une telle puissance émotionnelle que le défi de lui donner vie sur les planches n’était pas aisé à relever. Cette lettre d’une inconnue, c’est celle d’une jeune femme qui avoue à l’homme qu’elle aime passionnément depuis l’âge de treize ans qu’elle va mourir en l’aimant toujours à la folie alors qu’il ne connaît même pas son existence. C’est le premier et dernier cri de l’amour absolu qu’elle lui voue sans conditions depuis plus de quinze ans alors qu’elle n’a partagé son lit qu’une fois sans qu’il ne sache rien d’elle. Pour lui, une rencontre d’un soir, pour elle l’histoire de sa vie avec cet enfant né de leur unique étreinte. Des mots tellement beaux, une déclaration tellement romantique, une prouesse littéraire !

Alors… comment dire ? Comment dire que la comédienne, qui incarne cette inconnue foudroyée par l’amour, m’a laissée au bord de la route. L’écrin est trop sophistiqué pour un texte qui est un diamant brut. Trop de jeu, trop de mise en scène, trop de chorégraphies ! Davantage de sobriété et d’intériorité, distillées parfois par les voix off et les notes de piano, m’auraient attrapé le cœur au lieu de me laisser spectatrice.

Peut-être aurais-je été plus touchée si je n’avais pas lu le texte à l’instar de la jeune fille émue aux larmes qui m’accompagnait ce soir-là. Et pour être tout à fait honnête, l’interprète Laetitia Lebacq, nominée aux P’tits Molières, vient de recevoir les récompenses de meilleure comédienne et de meilleure scénographie. Alors, jugez vous-mêmes et surtout lisez Stefan Zweig, écrivain de génie qui sait mieux que personne exprimer la sensibilité féminine.

Patricia Lacan-Martin

 

Lettre d’une inconnue

D’après le roman de Stefan Zweig

Interprété et mis en scène par Laetitia Lebacq

Scénographie : Muriel Lavialle
Chorégraphie : Sandra Pinto-Régal
Musique : Thomas Marqueyssat
Lumières : Johanna Legrand