LE BAVARD

Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris
01 45 44 57 34

Jusqu'au 22 novembre
Du mardi au samedi à 18h30

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Mis en ligne le 24 septembre 2014

Se déplacer pour voir un comédien, seul sur scène, débiter un long monologue : la chose pourrait sembler, au premier abord, ingrate. A fortiori lorsque celui-ci avoue être atteint de ce qu'il appelle lui-même une « crise de bavardage » !

Aucun décor, aucun costume, juste un flot de paroles à peine ponctué de jeux de lumières et de musiques. Pourtant, petit à petit, la magie opère. La puissance enchanteresse de la parole se libère. La grande force du vertigineux roman de Louis-René des Forêts nous happe.

Ici, jouer un texte ne consiste pas à en donner une simple illustration sonore et visuelle comme trop souvent les adaptations pour la scène. C'est une authentique expérience de théâtre qu'offrent l'intelligente mise en scène de Michel Dumoulin et la remarquable performance de Robert Plagnol.

Il faut dire que la verve de Louis-René des Forêts s'y prête étonnamment bien, avec cette manière dont, dans le chapitre III, le narrateur interpelle le lecteur et le prend à partie, ou ici le comédien avec le spectateur. Troublé, le public de la salle se demande si l'acteur récite encore son texte ou s'il se lance dans une improvisation, au point que lors de la représentation à laquelle nous avons assisté une personne s'est crue autorisée à répondre à ces interpellations… et Robert Plagnol de rebondir sur son intervention avec un naturel déconcertant.

Les questions posées résonnent dans le silence. Qui est ce bavard ? Un narcissique pathologique ? Un (boni)menteur ? Un manipulateur qui se sert des autres pour assouvir ses besoins ? Un homme désespérément seul qui cherche à briser son isolement ? Pourquoi ce soin de parler si ce n'est apparemment pour ne rien dire ? Et qu'est-ce qui s'est joué exactement ?

Frédéric Manzini

 

Le Bavard

De Louis-René des Forêts
Adaptation et mise en scène : Michel Dumoulin

Avec : Robert Plagnol et Niels Adjiman (en alternance)

Musique : Michel Portal et Thomas Tallis
Lumières : Genevève Soubirou

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