Vu à Avignon en 2014
Reprise au :

Lucernaire 
53 rue Notre-Dame des champs
75006 Paris.
 tél. : 01 45 44 57 34

du mercredi 1er juin au samedi 25 juin à 19h00

 

 

Déjà vue dans « À toi pour toujours. Ta Marie-Lou ! », de Michel Tremblay, Cécile Magnet renoue avec cet auteur. Son rôle est ici nettement plus conséquent que dans l’autre spectacle : elle tient en effet toute la pièce sur ses épaules. Elle y incarne Laura Cadieux, une brave habitante de Montréal, assaillie de soucis et de contrariétés, en cette journée où, accompagnée de son « ‘tit gars », elle va chez son gynécologue (« Génie-coloye », dans sa version à elle). Cela commence avec un trottoir roulant contrariant, se poursuit avec deux gars, des « petits calvinistes » qui se moquent de son « gros corps vieux », comme elle dit encore. Elle rigole avec une copine de rencontre, prend le métro…et perd le petit, ce « maudit » ! On voit que la langue de là-bas, celle que Tremblay excelle à faire retentir, joue un grand rôle dans le charme du spectacle. On comprend tout et…en même temps on est ailleurs. On rêverait, nous aussi, de descendre à « Papineau », quand on est en métro, ou bien de nous dépêcher pour regarder « Patoff » à la télé !

Laura Cadieux a un langage fleuri, donc… qui évoque parfois Audiard : « Ce chauffeur de bus, c’était un zélé. Avec des ailes. ». Un couplet contre l’Église lui inspire : « Z’ont changé leur déguisement… » ou bien quand elle décrit une patiente chez le gynéco : « Une nouvelle arrive, enceinte de quatorze mois, au moins ! » Car c’est chez le praticien que l’essentiel se passe : Pour une longue après-midi d’attente, Laura y retrouve ses copines, campées avec soin et truculence. Il y a la coincée, la fan de « comics de monstre », la harpie, deux bonne sœurs… Cécile Magnet varie ton et jeu : elle est chacune des patientes, y compris le seul homme de la salle d’attente, M. Blanchette, à la voix nasillarde. Le grand moment (enfin un parmi d’autres) ce sera le récit de Mme Terrien, une amie, lancée à la recherche du « p’tit gars » que Laura, souvenez-vous, avait perdu. Péripéties, mauvaise foi, colère réelle ou feinte, tout passe et plus elle en bave, plus on rit.

De ce texte de Tremblay, Christian Bordeleau a fait un spectacle qui dépote et il l’a mis en scène de même. Sans rien s’interdire, même pas, de loin en loin la petite minute d’émotion. Mais l’essentiel, c’est Laura Cadieux et sa formidable interprète. On en redemande.

Gérard Noël

 

C’t’a ton tour, Laura Cadieux

De Michel Tremblay.
Adaptation et mise en scène : Christian Bordeleau.

Avec Cécile Magnet.

Régie générale : Fabien Torrez.
Costume : Sylvie Blondeau.