LA VOIX HUMAINE
Théâtre de la Contrescarpe
5 rue Blainville
75005 Paris
01 42 01 81 88
La Voix humaine est une pièce en un acte écrite par Jean Cocteau et créée à la Comédie-Française en 1930 avec dans le rôle-titre Berthe Bovy. L'œuvre s'est notamment fait connaître grâce à son adaptation, sous forme de tragédie lyrique, par le compositeur Francis Poulenc en 1959. Le monologue est polyphonique mais l'interlocuteur principal n'est pas audible par le spectateur. Une femme passe un dernier appel téléphonique à l'homme qu'elle a aimé avant de mourir.
À l'ère de la communication instantanée, ce texte prend un sens singulier. À l'époque, les conversations téléphoniques étaient moins aisées, la connexion directe pouvait être entrecoupée. Cela peut paraître désuet mais intéressant formellement. Toutefois, l'essence du propos de Cocteau demeure. L'absence physique de l'autre ne peut être guérie, la communication à distance est toujours source de frustration. La difficulté matérielle de cette conversation par téléphone, au-delà du contexte historique, souligne cette impossibilité d'être dans l'absence de l'être aimé.
L'interlocuteur principal semble être un personnage à part entière venant de l'au-delà. La seule paix des amants passés est-elle dans la mort ? C'est une tragédie, nous en connaissons l'issue dès le début de la pièce.
La mise en scène épurée de Charles Gonzalès et le jeu subtil de Yannick Rocher nous donnent à entendre tous les mots, les silences, l'au-delà. Les passages non parlés paraissent non nécessaires, surjoués. Pourquoi voir cette femme danser seule en mimant un slow ? La projection du film, métaphore symbolique de la perte et du temps passé, est un bel hommage rendu à l'œuvre cinématographique de Cocteau. Toutefois, ces partis pris chargent le texte qui se suffit à lui-même.
Le spectacle laisse entrevoir l'esprit de Cocteau, entre rêve et cauchemar, une suspension du temps qui ne tient qu'à un fil...
Alexandra Diaz
La Voix humaine
de Jean Cocteau
Avec Yannick Rocher et la participation exceptionnelle à l'image de Monique Dorsel
Lumières, Son et Mise en scène : Charles Gonzalès
Mis en ligne le 6 avril 2018