Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins
75008 Paris
01 42 65 90 00

Jusqu’au 6 mai 2018
Du mercredi au samedi à 19h00.
Dimanche 16h00

 

 

C’est au spectacle d’un comédien, mime… et improvisateur, que nous assistons là. Julien Cottereau, avec sa tenue claire et sa bouille lunaire à la Harry Langdon, est doué : des années, déjà qu’il joue ce « Imagine-toi » un peu partout. D’où la maîtrise, qui frôle la perfection. D’où cette rigueur dans la fantaisie. Qu’il soit nettoyeur ou graffeur, qu’il expérimente les mille et une façons d’utiliser un chewing-gum, qu’il se batte avec une mouche (tel le Zani de la Commedia del Arte) ou contre un chien qui grandit à vue d’œil, on est saisi. Amusé. Charmé. D’autant qu’il « bruite » chacune de ses actions. Sur la scène nue (avec toutefois des éclairages inspirés) Cottereau est seul. Il bouge, bondit, se cabre, danse, rampe, entre et sort… il parcourt des mondes avec son personnage.

Toute la première partie est ainsi, parsemée de gags burlesques, louchant plus vers Michel Courtemanche (pour ceux qui se souviennent) que vers le mime Marceau. Et puis Julien Cottereau fait monter une spectatrice sur scène, eh oui. On a déjà vu ça et un artiste de rue nommé John Guez, devant Beaubourg, en tirait des effets drôles et efficaces. Ici, c’est un peu différent : il y a une scène et l’attention constante des spectateurs. Le temps mort ne pardonne pas, l’à peu près non plus. Il faut que les participants et participantes se surpassent… et c’est ce qu’ils font. Il y a donc dans ces improvisations brillantes, le jeu de Cottereau lui-même, le commentaire qu’il peut faire sur ces artistes d’un soir et ce qu’il installe entre eux (elles) et lui. De la belle ouvrage. Nous sommes entraînés dans un western, une comédie musicale… ou encore un délire d’où la sensibilité n’est jamais absente. Cottereau, avec son petit chapeau italien (Chico Marx avait le même) est un Pierrot touchant, un gagman inspiré. Qui écrit notamment : « — Un clown, c’est quoi ? — C’est un cri qui nous assoiffe de douceur. (…) C’est l’âme qui boit du jus d’orange. (…) C’est la porte qui s’ouvre sur l’infinie lumière, chaleur, le miracle d’être vivant. »

On ne saurait mieux dire.

Gérard Noël

 

Julien Cottereau : Imagine-toi

De et avec Julien Cottereau.

Mise en scène : Erwan Daouphars.
Collaboration artistique : Fane Desrues