IRMA RIT ROSE
À La Folie Théâtre
6 rue de la Folie-Méricourt,
75011 Paris
09 51 70 39 43
Jusqu’au 1er juin
Les jeudis à 20h30
En 2013-2014, Irma présentait « C’est provisoire », déjà mis en scène par Jean-Claude Cotillard. Elle a eu l’idée (et l’envie) de faire revenir certains personnages et d’en créer de nouveau, comme le jeune slameur Mamadou. Irma Rose a du métier : sur une scène on ne peut plus dépouillée, juste occupée par deux éléments en bois blanc, elle entre. Eclairages minimalistes…autant dire que tout repose, pendant une heure dix, sur ses épaules. Cela commence par un classique, la comédienne qu’on a pressentie pour une pub…mais une pub un peu spéciale puisqu’elle concerne un sani-broyeur. Refus poli de la comédienne en question qui en profite pour ironiser sur ce rôle de « gens » dans les télé-réalités : « Sur le Google-map de ton corps, j’ai tout de suite su où était ton cœur ! » susurre une de ces bimbos siliconées. Cette réplique aurait pu être vraiment dite. On aurait aimé qu’Irma aille plus loin dans la satire, voire la méchanceté. Ou l’absurde.
Mais le spectacle démarre : Se bousculent alors une jeune femme évaporée, sa copine dépressive, Noémie, laquelle est flanquée de deux enfants impossibles, les jumeaux, et d’un mari, plus une tante ch’ti, plus vraie que nature.
Parlons d’abord de ce qui fâche : Irma Rose, responsable du texte se laisse parfois aller à la facilité : facilité des vannes et jeux de mots. Les clichés abondent, entre l’homme qui se remonte en permanence… le moral, qui ne sait pas changer une couche et qui ignore beaucoup de choses à commencer par le chemin de la cuisine. L’accent belge est tentant, mais déjà entendu. Le père Noël est rouge à cause d’une grande marque de soda, bon nombre le savait déjà, j’imagine.
Là où la comédienne excelle, c’est dans la virtuosité : elle campe d’un geste, d’une attitude, un personnage ou un autre. On ne les voit pas défiler sketch après sketch, mais elle les fait s’opposer, dialoguer façon comedia del arte. Elle a une grande rigueur d’écriture sur la longueur et offre en fait une pièce à plusieurs personnages…y compris un chien. Bobos survoltés, dame snobe campant sur ses certitudes, snobisme des prénoms invraisemblables choisis pour deux jumeaux à venir (Pearl et Bird !) elle touche souvent juste. Elle s’offre même un petit détour par l’actualité en imaginant ce qu’elle ferait « si elle était présidente ». La présence sobre de Mamadou, le slameur, invité par les enfants du couple, offre un vent d’air frais tout à fait bienvenu. Quant à la mise en scène, elle allie finesse et sensibilité.
Gérard Noël
Irma rit rose
De et avec Irma Rose.
Mise en scène : Jean-Claude Cotillard.
Mis en ligne le 5 février 2017