FRAGMENTS
Théâtre La Boussole
29 Rue de Dunkerque
75010 Paris
01 85 08 09 50
Jusqu’au 26 mars
les jeudis, vendredis, samedis à 21h30
Le pitch est alléchant : « En 2010 sort aux éditions du Seuil, " Fragments ", recueil de textes inédits écrits par Marilyn Monroe et retrouvés après sa mort.
Notes, poèmes, correspondances, ce spectacle est un voyage dans l'âme de l'actrice. Ces écrits témoignent d'un destin dont la lutte est le moteur, une lutte contre ses origines, ses émotions, contre la folie.
Ils révèlent la grâce d'un être fragile, sujet à une perpétuelle introspection et en permanente quête d'amour. »
Le spectacle est composé à partir de certains de ces écrits.
Un spectacle qui commence dans le noir, un noir qui dure pendant un temps assez long pendant lequel on entend une voix masculine dire un texte écrit par Lee Strasberg.
Puis la comédienne apparaît dans un halo rouge.
Une comédienne qui, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, n’essaie nullement de ressembler à l’icône disparue, ni dans l’allure, ni dans la voix, ni dans la tenue. Pas de robe affriolante ni de pull ample sur un jeans mais une simple et fluide combinaison noire. Elle est là non comme son incarnation physique mais plutôt spirituelle. Ce n’est pas Marilyn qui nous est donnée à voir mais son âme, ses incertitudes, ses peurs, sa souffrance, sa fragilité, ses fêlures.
Caroline Ducey se présente sans artifices, souvent dans la pénombre, ou auréolée de lumières bleues puis rouges. À ses côtés deux musiciens, David Lanzmann et Fred Sachs, guitare et claviers, qui vont égrener de superbes arpèges. On aimerait qu’ils participent davantage.
La mise en scène est d’une belle sobriété : la comédienne est souvent debout, face public. Gestes mesurés, légers déplacements, parfois elle se couche parmi les feuillets épars sur la scène, papiers qu’elle froisse, qu’elle relit, qu’elle plie ou met soigneusement sous enveloppe.
L’important est la voix et Caroline Ducey en joue savamment, diction parfaite, timbre velouté, très agréable à l’oreille.
Mais à trop vouloir prendre de distances avec le modèle, on oublie de qui il est sujet ici, on baigne dans une certaine austérité, peut-être trop d’esthétisme, toute sensualité semble soigneusement évitée, aucune émotion ne transparait et du coup on n’en éprouve pas non plus. C’est dommage car il y a là indéniablement un beau potentiel et on aurait aimé être touché, emporté, bouleversé.
Nicole Bourbon
Fragments
D’après des textes de Marilyn Monroe
Mis en scène par Marie-Sohna Condé, David Lanzmann
Avec : Caroline Ducey, David Lanzmann, Fred Sachs
Mis en ligne le 7 février 2016