ÉLOGE DE L'OISIVETÉ |
Théâtre de Belleville Côté jardin, un fauteuil. Profond. Au centre un bureau. Sur celui-ci, un verre d'eau, une lampe qui diffuse une douce lumière. Côté cour, un pupitre. Il entre. Classique : costume trois pièces noire à fines rayures, chemise blanche, cravate. Il, c'est Dominique Rongvaux. Grand, mince. Belge. Son spectacle a d'ailleurs remporté le prix de la critique 2010 du meilleur seul en scène en Belgique. Il place sur le pupitre un portrait de Bertrand Russel, lunettes sur le front et pipe à la bouche. Il utilisera ces deux accessoires chaque fois qu'il interprètera cet auteur, guidant ainsi le spectateur qui pourrait se perdre dans cette flânerie foisonnante où les références sont nombreuses. Pendant plus d'une heure, il va nous parler de l'oisiveté et surtout de son pendant le travail, utilisant les ouvrages de Bertrand Russel, mais aussi de Denis Grozdanovitch, voire de La Fontaine. Il va nous raconter aussi son parcours personnel, et comment il a fini par être comédien. Voix chaude, bien timbrée, agréable à entendre et apte à faire passer avec humour les textes les plus sérieux. Car ce garçon talentueux peut nous parler aussi bien de l'organisation de la société, de l'exploitation, du partage du travail que de la vie du paresseux (l'animal), tout en nous jouant la fable « Le savetier et le financier » avec une modernité et une vivacité qui n'est pas sans rappeler Lucchini dans le même exercice. C'est brillant, de haut niveau mais fait avec une telle légèreté, un tel plaisir à lancer les mots, à jongler avec les idées que jamais on ne s'ennuie ou ne décroche. Grand merci, Monsieur, de nous avoir fait partager ce moment avec tant de talent et avec cette approche à la fois intelligente et ludique.
Nicole Bourbon
Éloge de l'Oisiveté De et avec Dominique Rongvaux D'après Bertrand Russell
|