Apollo théâtre
18, rue du faubourg du temple
75011 Paris
01 43 38 23 26

En tournée française du 5 Février au 26 Juin 2015
(dates et lieux sur elisabeth-buffet.com)

 

 

Regards croisés

 

Article de Frédéric Manzini :

 

Attention. Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des spectateurs. C’est précisément là où l’humour d’Elizabeth Buffet fait mouche. Il est beaucoup question de sexe dans son spectacle, disons même de cul, qui prend manifestement beaucoup de plaisir à verser dans le registre de la scatophilie, avec mille métaphores pour dire la chose, des plus imagées aux plus concrètes, passant de la description des « culs des profs de philo » à l’analyse de son avidité pour les hommes en général, et pour les pompiers en particulier. Ce n’est pas politiquement correct mais au contraire grossier jusqu’au grotesque, décapant, truculent, rabelaisien, transgressif, jubilatoire… et très efficace.

Derrière la dérision désopilante, transparaît un exercice salvateur pour exorciser le pathétique de la solitude d’une femme vieillissante et abandonnée qui parvient paradoxalement à toucher le spectateur alors même qu’elle évoque les choses les plus crues et régressives. Seul sur la scène comme dans sa vie, le personnage qu’interprète Élisabeth Buffet est perdu entre deux âges, ni jeune première ni vieille rombière. Lorsqu'elle interroge sa sensualité en sous-vêtements sur une piste de pole dance, les performances de danse autour de cette barre qui lui tient lieu de pénis de substitution, ajoutées à son remarquable talent de comédienne pour le comique de gestes et à la mise en scène énergique de Jarry, en font un spectaclet également très réussi au niveau visuel. La salle lui réserva d’ailleurs une standing ovation pour la dernière à Paris ce soir-là.

 

Article de Patrick Rouet :

 

Un décor de boîte de nuit avec musique électro qui donne envie de danser, sunlights multicolores qui arrosent la scène et une barre de pole dance en son milieu. Élisabeth Buffet fait son entrée en bougeant son corps comme une habituée du lieu, prend un verre d’alcool et entoure de ses cuisses la barre phallique dans une démonstration des plus sensuelles après nous avoir gratifié d’un striptease audacieux, se retrouvant ainsi en dessous noir pas vraiment sexy et accroché à sa barre comme un vieux jambon. Car cette éternelle célibataire qui approche dangereusement de la cinquantaine et qui ne grandit toujours pas a avant tout le sens de l’autodérision.

Plus naturelle que cette talentueuse comique, je n’en connais pas, plus cash non plus. C’est une Bigarre en petite culotte, une Foresti puissance douze avec un débit et une gouaille à la Murielle Robin. Bien sûr, il ne faut s’offusquer de rien car elle sait se mettre à nu avec un incroyable humour qui vous interdit de venir assister à son show avec de chastes oreilles. Il est préférable de les laisser au vestiaire avant car elle appelle un chat, un chat. Tout cela pourtant passe parfaitement aussi bien dans son interprétation que dans son personnage de femme bien dans sa peau et qui n’a vraiment rien de vulgaire. Le thème s’enroule surtout autour d’elle et de ses questionnements, de sa vie, de l’enfant qu’elle aimerait peut-être avoir un jour avant la ménopause qui la guette, bien que les gosses en définitive, c’est chiant, des mecs qu’elle ramène chez elle, enfin de moins en moins souvent, de son goût prononcé pour les pompiers, de sa cellulite, de ses bourrelets car elle ose tout et dit tout sans rien cacher ou presque. Mais ne vous y trompez pas c’est avant tout une femme qui souhaiterait trouver un homme pour partager sa vie et à qui elle laverait bien ses slips kangourou et qui nous avoue avec un sens aigu du romantisme qu’elle aimerait bien se faire pilonner la rose des vents un peu plus souvent.

One woman show déconseillé au jeune public mais recommandé à toutes celles et ceux qui veulent rire des élucubrations d’une vraie comique, un peu, comme si l’on écoutait, autour d’un verre, une bonne copine bien calée dans sa tête.

 

 

 

Élisabeth Buffet – Les dernières.

Auteurs : Élisabeth Buffet et Philippe Sohier.

Interprète : Élisabeth Buffet.

Mise en scène : Jarry.