EAU SAUVAGE
Théâtre Paris-Villette
211 avenue Jena Jaurès
75019 Paris
01.40.03.72.23
Jusqu’au 2 octobre,
Du mardi au jeudi à 20h00,
le vendredi à 19h00, le samedi à 20h00 et le dimanche à 16h00
Relâche du 19 au 26 septembre.
— Tant que tu n’es pas rentrée, je ne dors pas.
J’ai entendu qu’un immeuble avait brûlé dans le 11e et comme tu habites dans le 12e, j’ai pensé que ça pouvait être le tien…
Derrière ce titre, Eau Sauvage, l’eau de toilette masculine portée sans aucun doute par des milliers de papas, Valérie Mréjen propose les miscellanées des petites phrases d’un père à sa fille, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte.
Messages vocaux, cartes postales, bribes de conversations sont récités par Bénédicte Cerutti qui déverse un flot de paroles très rythmé, parfois répétitif et/ou routinier. Ainsi, ces mots paternels marquent le tempo de la vie d’une jeune fille que le spectateur imagine aisément.
On passe fréquemment du coq à l’âne avec ce père entremetteur, rieur, gentiment intrusif, préoccupé, maladroit, parfois conseiller en image, désœuvré face aux nouvelles technologies, généreux, voyageur et un peu dragueur. Il en vient à représenter avec une justesse parfois déconcertante nos parents à tous. Et le fait de se placer du côté de l’émetteur plutôt que du récepteur est une lumineuse idée. En effet, grâce à ce procédé, grâce à la mise en scène qui utilise un larsen vidéo et bien sûr grâce au jeu de Bénédicte Cerruti, ces petites phrases acquièrent une banalité curieusement touchante. La musique et les couleurs contribuent aussi à ce que, depuis nos fauteuils, ces remarques ne soient plus uniquement agaçantes : rassurantes, elles s’installent dans les mémoires et manquent même parfois, comme quelques gouttes d’Eau sauvage. Un joli florilège !
Ivanne Galant
Eau Sauvage
Mise en scène : Julien Fišera
Avec Bénédicte Cerutti
Espace : Virginie Mira
Dispositif et régie vidéo : Jérémie Scheidler
Lumières : Kelig Le Bars
Costumes : Benjamin Moreau
Musique : Alexandre Meyer
Régie générale et régie lumières : arNo Seghiri
Le texte est publié aux Editions Allia, Paris.
Mis en ligne le 19 septembre 2016