D’AUTRES VIES QUE LA MIENNE

Théâtre de la Reine blanche
 2 bis passage ruelle
75018 Paris
01 40 05 06 96

Jusqu’au 11 février 2017
Du mardi au samedi à 20h45

 

D’autres vies que la mienne loupePhoto © Pascal Gély

D’autres vies que la mienne, c’est le titre du roman d’Emmanuel Carrère (2009) qui évoque plusieurs instants de vies marqués par la souffrance, la pauvreté et la mort.

Dans l’adaptation de Tatiana Werner, David Nathanson est le conteur de ces histoires tragiques et dramatiques qui touchent certaines personnes qui gravitent autour de lui à un moment donné. Il est question du tsunami meurtrier au Sri Lanka en 2004, d’un cancer qui emporte une jeune maman et au milieu de cela, d’un juge unijambiste qui règle des contentieux financiers avec des entreprises de crédit à la consommation.

Le récit de David Nathanson est le fil conducteur de ces récits de vies qu’il livre sans filtre. Il parvient, avec sa seule voix, à nous emporter dans un univers marqué par la douleur en agrémentant le tout de ses réflexions à propos de sa vie de couple. Pas de pathos dans ce monologue mais au contraire, une sobriété poétique. La poésie se trouve renforcée à mi-parcours par un air de ukulélé qui revisite un tube du grenier de Gilbert Montagné à la sauce mélancolique. Quant au dispositif scénique, si le décor est épuré, les projections de couleurs et de mots clés donnent du rythme à l’ensemble. Ces mots qui défilent en fond de scène s’impriment dans la mémoire du spectateur et résonnent en lui tout au long de la pièce. À cela s’ajoutent quelques marques du réel – enregistrements de journaux télévisés, boîte vocale d’un standard injoignable, photographies de famille – qui insistent sur la réalité de la douleur. C’est souvent déconcertant car le drame est raconté sur le même ton que les banalités du quotidien. On ne sait parfois plus si c’est le drame qui est quotidien ou le quotidien qui est dramatique.

Un moment de théâtre qui chamboule et qui pose la question des liens : certes le narrateur ne vit pas de manière directe les mêmes drames que ces personnages, mais à quel point s’agit-il d’autres vies que les nôtres ?

Ivanne Galant

 

D’autres vies que la mienne

D’après le roman d’Emmanuel Carrère
Compagnie Les Ailes de Clarence
Adaptation : Tatiana Werner, David Nathanson
Mise en scène : Tatiana Werner

Avec David Nathanson

Lumières et vidéo : Mathieu Courtaillier

 

Mis en ligne le 13 janvier 2017