Un pseudo sympathique, une salle agréable et un metteur en scène (Jean-Claude Cotillard) dont les qualités ne sont plus à démontrer. Il ne manquait rien, à priori à Irma Rose pour convaincre.

Voici, en tout cas, un début classique : une jeune femme qui s'adonne aux sites de rencontre et qui, déçue, se tourne vers le Viet-vo-dao. Une séparation la mine et elle voudrait bien écrire un spectacle. Une mise en abyme se profile. Mis en appétit, on attend la suite. Il est question d'un « love-down » sur le modèle du « break-down ». Elle a été quittée et une de ses copines va être mère. Nous y voilà : les jumeaux seront des prématurés surnommés « les grumeaux ». Irma Rose se dédouble, en attendant de se multiplier : elle est elle-même, sa copine Stéphanie (très crédible), la mère de la copine, une pédiatre, le tout joué avec finesse. Il en est autrement du texte : l'intérêt de tout cela, pas plus que les développements, ne saute vraiment aux yeux. Outre ce défaut d'annoncer chaque personnage avant de le faire apparaître, il y en a vraiment trop long sur les détails cliniques et obstétriques. Sur l'éducation des enfants aussi. Un peu trop appuyées les vannes. Et puis il est question d'agence immobilière, car le jeune couple doit avoir plus grand à cause de la présence des jumeaux…et le père essaie de jouer son rôle et les jumeaux ont des chaussons « Spiderman ». On recherche un neurologue à cause de la grosse tête des jumeaux !

De tout ceci, surnage quand même une évolution intéressante du personnage de la grand-mère (mère de la copine dont le tic est de se toucher à intervalle régulier le sein droit). Quand Irma Rose évoque « des mecs qu'on pourrait trouver en promo », l'attention se renouvelle. L'épisode téléréalité relève d'un jonglage brillant et l'on jubile en entendant parler le chien tout en déplorant que tout ne soit pas du même acabit, c'est-à-dire frappé au coin de l'originalité et joué impeccablement.

Au-delà de la problématique du spectacle, Irma Rose garde, grâce à ses qualités de comédienne, tout son crédit.

Gérard Noël

C'est provisoire

De et par Irma Rose.

Mise en scène : Jeau-Claude Cotillard