Les spectateurs pénètrent dans un appartement, délicieusement vintage. Une vieille chaise, une lampe à franges, un transistor, des vinyles, Michel Torr en fond sonore, ou Charles Aznavour ou encore Anne Sylvestre. Camille Chamoux attend son public en écrivant son journal intime. Elle lui confie qu'elle aurait aimé vivre à une autre époque, parce qu'être née sous Giscard, c'est avoir « des bases molles ». Les années Giscard, selon Camille correspondent, en vrac, à Carlos et son Big Bisou, Valérie Kaprisky, Bernard Henri Lévy et Patrick Bruel.

Pendant plus d'une heure, la vie de Camille Chamoux sert de base pour illustrer les difficultés de la Génération X. Le manque de repères évident est le fil rouge du spectacle qui aborde des thèmes très variés : les États-Unis, la justice, le côté angoissant du monde actuel, l'hypocondrie, la peur du futur, le goût des trentenaires pour la brocante, les enfants (comment ne pas avoir peur d'en avoir quand on a été bercé par les dessins animés Rémi sans Famille ou encore Clémentine, la petite rousse paraplégique ?!). C'est avec une énergie débordante que Camille Chamoux se met dans la peau de sa maîtresse d'école primaire, d’Hortense née sous Chirac, de son grand-père colonialiste, de Madame Ma le marabout, ou encore d'un pilier de comptoir.

Un spectacle drôle qui nous parle et qui nous touche, même si on est né sous Mitterrand. En effet, les questions soulevées sont plus profondes qu'il n'y paraît. Et même si la nostalgie est tournée en dérision, on sort de la salle avec une envie irrépressible de s’asseoir autour de la table en formica de Mamie en écoutant une Fabulette d'Anne Sylvestre.

« En cueillant des pommes, pomme rouge, pomme verte ou bleue... »

Ivanne Galant

Née sous Giscard – Camille Chamoux

Mise en scène : Marie Dompnier
Lumières : Quentin Vouaux