À la Cigale
120 Bd Rochechouart
75018 PARIS
01 48 65 97 90
Du 28 novembre au 1er décembre à 20h45 puis en tournée, Amiens, Vierzon, Fleury-les-Aubray, Herblay, Vierzon, Lyon,
Les fans ou non, inconditionnels ou pas d'humour trash et vache, se doivent d'aller voir Didier Benureau. Il fait son retour à « la Cigale », comme le chanteur de rock qu'il aurait pu être. Il est ici accompagné par le groupe « les Cochons de l'Espace », deux filles et trois garçons, tout ce qu'il y a de pêchus et efficaces. Dès le début, l'ambiance,
Cigale oblige, est électrique. Ça s'impatiente, ça crie : « Didier, Didier ! » comme si l'homme au regard noir était les Rolling Stones à lui tout seul.
Le principal intérêt de cette série de représentations, c'est qu'il s'agit d'un best-of. On va donc pouvoir savourer tout à loisir « Patricia » et son portrait au vitriol d'une belle-mère abusive, « le collabo rose », moment émouvant où Bénureau se pose un peu, prend son temps et fait exister la deuxième guerre, et l'épuration. Il y a aussi « Fukushima », hallucinant voyage d'un chanteur lyrique près de la centrale accidentée. « C'est l'Opéra de Paris qui organisait le
cancer,
euh
? le concert ! » lance-t-il d'une voix ravagée.
On voit bien que Bénureau ne s'interdit rien. Et il a raison. Qu'il s'attaque à un évêque belge à perruque (chantant « Voir un ami travesti pleurer » discret hommage à Brel) ou qu'il fasse revivre Jean Coqueteau (sic !) pour une « Traversée du miroir » mémorable, il a cette liberté de ton, évoquant (provoquant ?) sans jamais s'attarder. La grande classe.
Bénureau, chanteur et comédien, adopte donc ici le principe du panachage, faisant alterner une chanson, un sketch, etc. Du coup, on savoure son texte du gamin obsédé par les Numides (vous comprendrez en y allant) avant d'être cueilli par une chanson au ukulélé sur Jésus. C'est une ambiance Monty Python qu'il nous fait partager avec l'hilarante séquence du chevalier perdu dans le brouillard et que le désespoir pousse au suicide. Peu de paroles, hormis de l'anglais
phonétique, cela
nous permet d'apprécier les talents de comédien de l'artiste. Il est juste et ses gags visuels ne déparent pas l'ensemble. Le sportif acharné à soigner son corps fait rire. Comme sa profession de foi où il rêve d'être un beau mort.
Bénureau ne fait bien sûr pas l'impasse sur le mythique « Moralès », que tout le public connait et attend. Parodiant un discours militaire, voici un gradé bas du front qui rend hommage à un camarade qui a sauté sur une mine : sur un rythme lancinant (« Tien, voilà du boudin » n'est pas loin), il assène, entre autres joyeusetés : « Toi qui voulait voyager, te voilà éparpillé ! »
On sort de là tout à fait réjoui, ce n'est rien de le dire. Surtout, Didier, ne change pas !
Gérard NOEL
Spectacle de Didier Bénureau et Dominique Champetier.
Collaboration artistique : Xavier Durringer.
Lumières : Orazio Trotta.
Musiques : Julie Darnal, Didier Bénureau
|