AUGUSTIN PASSE AUX AVEUX

Théâtre Les Déchargeurs
3 rue des déchargeurs
75001 Paris
01 42 36 00 50

Jusqu’au 1er juillet 2016
Les jeudis et vendredis à 21h00

 

Augustin passe aux aveux loupePhoto Pascal Gély 

Certains se souviennent peut-être des polémiques accompagnant la parution en 2008 de la traduction par Frédéric Boyer des Confessions de Saint Augustin : une traduction très neuve et originale, au style à la fois épuré et moderne privilégiant des formulations très courtes et beaucoup de phrases nominales, en tous points éloignée de l’usage du français classique et académique voire pontifiant qui, depuis Arnaud d’Andilly, avait cours jusque-là. Le titre donné à l’œuvre, Les Aveux plutôt que Les Confessions, marquait cette volonté de rupture pour laquelle les uns avaient crié au génie et les autres au contresens clinquant.

C’est précisément cette traduction qu’ont retenu Martine Loriau et Dominique Touzé pour cette adaptation étrangement intitulée « Augustin passe aux aveux » : si on comprend le souci de laïciser le nom de (saint) Augustin, la formulation paraît étrange, comme si son discours venait répondre à une accusation de police et non à l’initiative personnelle d’un homme prenant l’initiative de sont témoignage. De fait, le comédien se trouve face à une contradiction scénique : à qui s’adresser quand le texte est censé interpeler Dieu ? Dominique Touzé se tourne tour à tour vers le public qu’il fixe dans les yeux, au violoncelliste qui l’accompagne, au plafond de la cave de la petite salle du théâtre des Déchargeurs qu’il pointe du doigt voire au mascaron sur le linteau de la porte de fond de scène qu’il caresse. Difficilement compréhensible également est son choix de se placer derrière un pupitre sur lequel il dépose un cahier qui donne une tournure professorale à cette lecture en musique qui hésite entre sacré et profane. Reste un texte exceptionnel, car la vie de ce berbère devenu évêque reste fascinante comme le sont l’entreprise d’autobiographie qu’il invente à cette occasion ainsi que la beauté de la langue qu’il utilise pour le faire.

Frédéric Manzini

 

Augustin passe aux aveux

D’après Les confessions de saint Augustin 
dans la traduction de Frédéric Boyer (éditions POL)
Mise en scène : Dominique Touzé
Adaptation : Martine Loriau et Dominique Touzé

Avec : Dominique Touzé et les musiciens Guillaume Bongiraud en alternance avec Clémence Baillot d’Estivaux (violoncelle)

 

Mis en ligne le 28 mai 2016