Ariane Brodier a-t-elle eu raison de quitter radio et télé, Cyril Hanouna et M6 pour se produire sur scène ? À la réaction emballée des spectateurs, il faut bien avouer que oui. Un numéro, cette Ariane ! Elle commence le spectacle en pugiliste et la suite le confirmera, c'est bien une battante à qui nous avons affaire. Elle pourfend les préjugés et le bon goût avec une santé qui force l'admiration.

Premier point, la mytho dont il est question dans le titre n'est pas la mythomanie (trop facile) mais la mythologie. Car, contrairement à ses collègues humoristes qui se la jouent perso en tâchant de nous faire rire avec leur petite vie et leurs tracas quotidiens… Ariane se coltine Zeus, Apollon et toute la clique des dieux. Il fallait oser.

Bien sûr, il y a quelques facilités, comme de mentionner qu'Œdipe est le seul mec à qui on puisse dire « Nique ta mère ! », quelques vulgarités  également,  dont Ariane aurait pu se dispenser.

Le reste est très finement fait, joué avec enthousiasme et talent. Mimé et dansé quand il faut. Il faut voir Ariane passer en revue les dieux et leur faire un sort à chacun. Il faut la voir nous raconter le paradis originel et l'histoire de la pomme. Il faut la voir en Achille fragile du talon… ou bien en Hadès (dieu des enfers) à la voix de mafioso fatigué. Ce passage des funérailles est d'ailleurs un grand moment, un de ceux dont on se délecte et qu'on se re-raconte ensuite. Tout y est jubilatoire. La naissance d'Artémise et Apollon, dans le genre n'est pas mal non plus.

Il faut voir Ariane en sirène, en Cupidon, en nunuche sexy ou en Minotaure qui se torrée lui-même en concluant : « Je ne ferai jamais Intervilles » : bref, il faut voir Ariane faire sa mytho !

Gérard Noël

Ariane fait sa mytho

De Ariane Brodier (également interprète), Yannick Vabre et Clément Charton.