LA TRAVIATA
Barcelona
Después del terrible incendio de 1994, el Gran Teatro del Liceu de Barcelona, fue enteramente reconstruido. Es un edificio espléndido, del que los barceloneses se enorgullecen, y con mucha razón. Se celebra este año el decimoquinto aniversario de su renovación y propone una excelente programación.
Por ahora, podemos disfrutar de La Traviata de Verdi, un espectáculo alabado por los espectadores y que, como siempre, tiene las entradas agotadas.
Hay que confesar que la cartelera es tentadora, gracias al escoses David Mc Vicar al mando, talentoso director muy de moda. Siempre respetuoso de la obra original, nos propone una Traviata que podría parecer a primera vista de un gran clasicismo. Pero, si nos fijamos bien, descubrimos rápidamente que logra imponer su impronta, sin olvidar algunas referencias a unas Traviata pasadas.
Hasta antes de la Obertura, nos agarra el ambiente fúnebre que reina en el escenario: unos alguaciles hacen inventario de los muebles de Violetta que están cubiertos con una funda.
Con las primeras notas tan patéticas del preludio, Alfredo entra lentamente en escena, recoge algunas hojas muertas, hace memoria...
Empieza entonces el acto I: aquella escena tan alegre de la fiesta en casa de Flora aquí baña en ese ambiente fúnebre, bajo un alumbrado crepuscular, todo está negro, oscuro, hasta las pesadas colgaduras (¡que no deben facilitarles el trabajo a los cantantes!), el mantel que cubre la mesa, e incluso algunos trajes, aunque David Mc Vicar no va tan lejos como lo hizo Klaus Michaël Gruber. Ya parece que la muerte esté rondando por ese mundillo, donde los hombres de mundo conviven con las cortesanas : se sitúa la escena probablemente al final del siglo XIX, en la época de Diane de Pougy, Païva, Otero y alguna que otra Castiglione. Se divierten, se encanallan, no dudan en abrazarse e incluso en darse palmaditas en las nalgas como si de un melting-pot social, mortífero y decadente se tratara.
Es opresivo, sofocante, pero David Mc Vicar lo anima todo con unos trajes lujosos a lo Zeffirelli y con un decorado de una suntuosa sobriedad. En el acto II, como un guiño a las puestas en escenas de Visconti (atrezo variado, poses, muebles, blanco y negro), nos hace pasar de un cuarto al otro con un magnífico juego de colgaduras negras.
Pero lo que más llama la atención es el acento puesto en los sentimientos por la manera de dirigir a los actores.
Hay mucho contacto entre los personajes: se rozan, se tocan, se acarician.
En el acto II, Germont, el padre, aparece más humano que de costumbre. Lo interpreta con finura Vladimir Stoyanov, cuya voz expresiva de barítono consigue maravillas. Parece que ya esté considerando a Violetta como su hija, la coge en brazos, y comprendemos mejor por qué acepta apartarse tan fácilmente puesto que le devuelve al fin y al cabo la imagen que tiene de ella misma : « Così alla misera, ch'è un dì caduta Di più risorgere speranza è muta!.. »
Asimismo, en el segundo cuadro, después de que Alfredo le haya echado a la cara los billetes, se le acerca y le consuela con ternura.
Patrizia Ciofi es una Violetta intensa, desgarradora, frágil, extremadamente conmovedora en el último acto que termina con un sublime « Oh Gioia ! » después de un magnífico «Addio del passato ».
Charles Castronovo, por fin, poderoso tenor, interpreta a un Alfredo enamorado, torturado, desesperado, siempre con mucha precisión.
La orquesta del Liceu, dirigida por Evelino Pido, se conoce la partitura al dedillo, lo que le deja al maestro plena libertad para guiar a los cantantes.
De todas las Traviata que he visto, ésta se queda sin duda alguna entre las más conmovedoras, de un esteticismo cuidado y de un rigor irreprochable.
Y esta música de Verdi que, con su eficaz sencillez, hace que se nos suben las lágrimas a los ojos.
(Français)
Après le terrible incendie de 1994, Le Liceu, le grand Opéra de Barcelone, a été entièrement reconstruit. C'est un superbe bâtiment dont les Barcelonais sont fiers à juste titre. Il fête cette année le quinzième anniversaire de sa rénovation et propose une superbe programmation.
En ce moment, on peut y voir La Traviata de Verdi, un spectacle adulé des spectateurs et qui fait là encore comme à chaque fois salle comble.
Il faut dire que l'affiche est alléchante, avec aux manettes l'écossais David Mc Vicar, le talentueux et très à la mode metteur en scène.
Toujours respectueux de l'œuvre, il nous propose une Traviata qui pourrait sembler de prime abord d'un grand classicisme.
Mais à y regarder de plus près, on découvre vite qu'il a bel et bien su imposer sa marque, sans oublier de livrer quelques références à des Traviata passées.
Avant même l'Ouverture on est saisi par l'ambiance funèbre qui règne sur scène : des huissiers font l'inventaire du mobilier sous housse de Violetta.
Aux premières notes si pathétiques du prélude, Alfredo entre lentement en devant scène, il ramasse quelques feuilles mortes, il se souvient…
Débute alors l'acte I, cette scène si joyeuse de la fête chez Flora baigne là dans une ambiance funèbre, sous un éclairage crépusculaire tout est noir, sombre, les lourdes tentures (qui ne doivent pas aider les chanteurs !), la nappe qui recouvre la table, et même quelques costumes, même si David Mc Vicar ne va pas aussi loin que l'avait fait Klaus Michaël Gruber. La mort semble déjà planer sur ce petit monde où hommes du monde se mêlent aux cocottes, la scène se situant manifestement à la fin du XIXème siècle, celle des Diane de Pougy, Païva, Otero et autres Castiglione. On s'amuse, on s'encanaille, on n'hésite pas à s'enlacer et même à se taper sur les fesses dans un melting pot social mortifère et décadent.
C'est oppressant, étouffant mais David Mc Vicare anime l'ensemble de costumes luxueux à la Zeffirelli et d'un décor d'une somptueuse sobriété qui dans l'acte II, beau clin d'œil aux mises en scène de Visconti (accessoires divers, poses, mobilier, noir et blanc), nous fait passer d'une pièce à l'autre dans un magnifique jeu de draperies noires.
Mais ce qui frappe surtout c'est l'accent mis dans la direction d'acteurs sur les sentiments.
Les personnages sont souvent en contact, se frôlent, se touchent, se caressent.
Dans l'acte II, Germont père apparaît plus humain qu'on a l'habitude de le voir. Interprété avec finesse par Vladimir Stoyanov dont l'expressive voix de baryton fait ici merveille, il paraît déjà considérer Violetta comme son troisième enfant, il la prend dans ses bras, et on comprend mieux pourquoi elle accepte si facilement de s'effacer tant il lui renvoie finalement l'image qu'elle a d'elle-même :
« Così alla misera, ch'è un dì caduta Di più risorgere speranza è muta!.. »
De même dans le deuxième tableau, après qu'Alfredo lui ait jeté à la face les billets de banque, elle s'approche de ce dernier et le console avec tendresse.
Patrizia Ciofi est une Violetta intense, déchirante, fragile, extrêmement émouvante, éblouissante dans le dernier acte qu'elle termine par un sublime « Oh Gioia ! » après un magnifique « Addio del passato ».
Charles Castronovo enfin, puissant ténor, est un Alfredo amoureux, torturé, désespéré, toujours avec une grande justesse.
L'orchestre du Liceu dirigé par Evelino Pido connaît manifestement sa partition sur le bout du doigt, ce qui laisse au maestro toute liberté pour guider les chanteurs !
Parmi toutes les Traviata que j'ai vues, celle-ci est certainement parmi les plus émouvantes, d'un esthétisme soigné et d'une tenue irréprochable.
Et cette musique de Verdi qui, dans son efficace simplicité fait immanquablement monter les larmes aux yeux.
Nicole Bourbon
La Traviata
de Giusepe Verdi
Direction musicale : Evelino Pidò
Direction scénique : David Mcvicar
Scénographie et costumes : Tanya Maccallin
Lumières : Jennifer Tipton
Chorégraphie : Andrew George
Nouvelle coproduction : Gran Teatre del Liceu, Scottish Opera (Glasgow) y Welsh National Opera (Cardiff) y Teatro Real
Orchestre symphonique du Gran Teatre del Liceu
Avec :
Violetta : Valery Patrizia Ciofi ou Elena Mosuc
Alfredo Germont : Charles Castronovo ou Leonardo Capalbo
Giorgio Germont Vladimir Stoyanov ou Àngel Òdena
Flora Bervoix : Gemma Coma-Alabert
Gaston : Jorge Rodríguez-Norton
Baron Duphol : Toni Marsol
Marquisee d'Obigny Marc Canturri
Annina : Miren Urbieta Vega
Docteur Grenvil : Iosu Yeregui
Giuseppe, domestique de Violetta : Josep Lluis Moreno
Criado de Flora Miquel Rosales
Comisionado Gabriel Diap
un criado Miquel Rosales