ELEKTRA

Opéra Bastille
Place de la Bastille
75012 – Paris
08 92 89 90 90

Jusqu'au 1er décembre
Lundi 11, 18 novembre à 19h30
Dimanche 24 novembre et 1er décembre à 14h30

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Mis en ligne le 8 novembre 2013

Elektra
(c) Opéra national de Paris, DR

L'Opéra Bastille propose jusqu'au 1er décembre huit représentations exceptionnelles de l'Elektra de Richard Strauss, une superbe version saluée par les longs et chaleureux applaudissements d'un public conquis et enthousiaste.

Pas facile pourtant d'arriver après le phénoménal succès de celle de Patrice Chéreau cet été au festival d'Aix en Provence.

Robert Carsen met en scène une Elektra très dépouillée, d'une belle et émouvante sobriété qui met en valeur toutes les intentions et tous les sous-entendus de l'œuvre de Strauss et Hugo von Hofmannstha.

Rien pour rappeler la Grèce et l'Antiquité, pour mieux souligner l'intemporalité et l'universalité du propos.

La simplicité pour laisser toute leur force aux mots et à la musique.

Ici point de décor flamboyant, point de costumes chamarrés, oubliés bijoux clinquants et autres bimbeloteries.

Mais un sol de terre battue entouré de hauts murs gris, avec en son centre, un simple trou, à la fois tombeau d'Agamemnon et porte d'entrée du palais, comme une descente aux Enfers. Comme une plaie béante qui se refermera à la fin, blessure enfin cicatrisée.

Et en longues robes noires d'où émergent le blanc des visages et des bras et pieds nus, Elektra, Chrysothemis, et les 24 servantes, comme des Erynnies, parfois ombres fantomatiques parfois répliques parfaites de l'héroïne dont elles reproduisent les gestes, nous présentant une Elektra démultipliée.

Seuls Clytemnestre et Égisthe sont vêtus de blanc, morituri te salutant.

Et baignant l'ensemble, un superbe clair-obscur, respectant à la lettre ce qu'avait écrit Hugo von Hofmannstha : « un mélange de lumière et de nuit, d'obscurité et d'éclat. », beau travail de Peter Van Praet aux éclairages.

Robert Carsen a choisi d'aller au fond de la symbolique dans une belle et intéressante analyse de l'œuvre, avec des références qui renvoient à la fois à Freud et à Wagner (très belle scène notamment où Elektra enlace Agamemnon qu'elle sort de son tombeau).

Elektra c'est Irène Theorin, déterminée, toute à son obsession, en force et en cris qu'elle parvient à rendre harmonieux, véritable et pesante incarnation de la vengeance mais qui parfois manque peut-être un peu de nuances.

Clytemnestre est comme chez Chéreau incarnée par la superbe Waltraud Meier d'une maîtrise et d'un charisme remarquables.

Ricarda Merbeth quant à elle emporte complètement l'adhésion, composant une merveilleuse et lumineuse Chrysothémis.

Evgueni Nikitine, beau baryton, m'a paru cependant un peu trop lisse campant un Oreste sûr de lui, n'exprimant ni doutes ni fêlures.

Philippe Jordan dirige de main de maître un orchestre imposant, respectant les nuances, soutenant admirablement les voix poussées à l'extrême que réclame une partition exigeante et toute en subtilité, tour à tour furieuse puis tendre, le feu sous la glace, le calme après la tempête et qui mêle somptueusement les envolées viennoises et les fureurs wagnériennes.

Nicole Bourbon

 

 

Elektra

Tragédie en un acte, op. 58 (1909)
Musique de Richard Strauss (1864-1949)
Livret de Hugo Von Hofmannsthal

Direction musicale Philippe Jordan
Mise en scène Robert Carsen
Décors Michael Levine
Costumes Vazul Matusz
Lumières Robert Carsen, Peter Van Praet
Chorégraphie Philippe Giraudeau
Chef du Chœur  Patrick Marie Aubert

Avec :
Waltraud Meier Klytämnestra
Irene Theorin / Caroline Whisnant (24 nov.) Elektra
Ricarda Merbeth Chrysothemis
Kim Begley Aegisth
Evgeny Nikitin Orest
Miranda Keys Die Aufseherin
Anja Jung, Susanna Kreusch, Heike Wessels, Barbara Morihien, Eva Oltivanyi Fünf Mägde

Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris

Production originale de la Fondation Teatro Del Maggio Musicale Fiorentino, coproduite avec Le Spring Festival In Tokyo-Tokyo Opera Nomori