SANS PEUR NI MALICE

Aktéon théâtre
11, rue du Général Blaise
75011 PARIS
Tél  : 01 43 38 74 62

Jusqu'au 12 janvier
À 14h30 mercredi, samedi, dimanche
et tous les jours pendant les vacances

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Mis en ligne le 10 décembre 2013

Sans peur ni malice

Dimanche, 14 heures, une nuée de gamins avec leurs accompagnatrices investit joyeusement la petite salle confortable de l'Akteon. Les soixante places sont aussitôt occupées. L'histoire, tirée d'un conte de Grimm, « Celui qui partit à la recherche de la peur », peut commencer.

« Il était une fois », lance le narrateur, vêtu comme un magicien, en s'accompagnant au piano. « Il était une fois un homme qui avait deux fils. » La salle est silencieuse mais à peine les trois compères font-ils leur apparition que fusent les rires de toutes parts.

L'aîné des fils était intelligent et débrouillard ; Loïc, le cadet, était considéré comme un bon à rien par son père et si ce dernier voulait à tout prix qu'il apprenne un métier, lui ne pensait qu'à une chose : connaître la peur. En effet, aussi étrange que cela puisse paraître, jamais il n'avait ressenti ce frisson qui fait se dresser les cheveux sur la tête. Alors le père, dépité de ne rien pouvoir tirer de son incapable de fils, le chasse de la maison après lui avoir donné cinquante écus.

Et voilà notre Loïc parti à l'aventure, en quête de la chair de poule. Pourtant, aucun des affreux personnages croisés en chemin – un inconnu masqué, un squelette, une vilaine sorcière, le fantôme de Barberousse et, surtout, trois pendus dans un bois qui se balancent au bout d'une corde – ne parvient à l'effrayer. Tous le laissent parfaitement insensible, ce qui est loin d'être le cas des enfants qui participent avec une fougue communicative, hurlent de rire, interpellent le héros, lui signalent à grand bruit la présence des inquiétants individus qu'il fait mine de ne pas avoir vus. Une véritable interaction s'établit entre les gamins et Tchavdar Penchev, le comédien, parfaitement à l'aise dans cet échange improvisé. Pour un peu, on se croirait au Guignol. Ah, quel public enthousiaste qu'un public enfantin !

Pourtant, le spectacle est loin de se limiter à une production de pitreries faciles, propres à déclencher les réactions enthousiastes. Non, tout, dans la mise en scène, le jeu des comédiens, la musique, les minis chorégraphies fort réussies, les masques et les costumes bariolés, est de qualité. Les décors sont simples mais astucieux : à chaque nouvelle scène, un tableau, posé sur un chevalet, figure un lieu différent ; les comédiens, animés d'une énergie débordante, vont, viennent, dansent et chantent pour le bonheur des petits ET des grands. Tchavdar Penchev campe tout au long de la pièce un Loïc fort sympathique tandis que ses comparses – Marion Margyl, Henri Leguen et Jean-Louis Stanek (pour la représentation à laquelle j'ai assisté) – endossent une dizaine de rôles à eux trois. Signalons un passage particulièrement réussi et empreint de poésie où ces trois comédiens, plongés dans l'obscurité d'une forêt, miment, avec des mouvements des mains lents, stylisés et synchronisés, des pendus avec leur corde au cou, silhouettes sombres et masques luminescents.

En bref, un spectacle qui ravira aussi bien les têtes blondes, brunes ou rousses que les chenues.

Et la fin de l'histoire, me direz-vous ? Eh bien, vous avez jusqu'au 12 janvier pour la découvrir.

Elishéva Zonabend

 

 

Sans peur ni malice

De : Michel-Olivier Dury
D'après : un conte de Grimm

Par : La compagnie Les Lustres-Théâtre

Mise en scène et scénographie : Arnaud Bruyère
Chorégraphie : Ivana Dimitrova
Paroles et musique : Michel-Olivier Dury
Costumes : les comédiens

Avec : Natacha Bordaz/Marion Margyl en alternance, Michel-Olivier Dury/Henri Leguen, Tchavdar Penchev, Jean-Louis Stanek