PRINCES ET PRINCESSES
Théâtre Antoine
14 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Du 13 au 28 décembre
les samedis à 14h00 et les dimanches à 11h00 et 14h00
Voici un grand spectacle pour enfants. Pour enfants comme pour adultes.
Ce sont quatre contes de Michel Ocelot (le père de Kirikou) qui sont racontés ici : L’Africaine qui danse, La vieille et le voleur, Le garçon des figues et Le prince des joyaux. Quatre contes qui nous font voyager dans le temps et l’espace et passer du Japon immémorial à l’Égypte des pharaons en passant par l’Afrique imaginaire et la Perse antique. Quatre contes qui ont pour traits communs de narrer des histoires d’hommes et de femmes, incendiés par l’amour ou dévorés par la cupidité, des rencontres où la magie et le fantastique jouent leurs rôles, et où la ruse, l’intelligence et la force des sentiments finissent toujours par l’emporter. On retrouve ici tout ce qui fait la personnalité de Michel Ocelot, tout à la fois imprégné par le réel et d’un optimisme apparent à toute épreuve.
La technique employée pour raconter ces histoires est le théâtre d’ombres. Tous les acteurs jouent derrière un écran où est projeté en continue un film d’animation dans lequel ils insèrent leurs interventions. Et pourtant, les sonorités du terme ne conviennent pas. Il s’agit beaucoup plus de couleurs flamboyantes, lumineuses, chaleureuses avec une mécanique de jeu aux engrenages aussi précis que la plus fine des horlogeries car de nombreuses scènes se jouent entre comédien sur le plateau et personnage projeté sur l’écran. Et cela fonctionne à merveille. Les huit comédiennes et comédiens se glissent dans les différents personnages, dans les différentes silhouettes, avec précision, justesse et grâce.
On est entre cinéma et performance scénique, une sorte de cinéma en direct, magique, surtout lorsque les ombres projetées dans le décor de l’histoire s’incarnent subitement en avant-scène et dans la salle, devenant soudain vraies, comme si elles avaient déchiré la toile. Le cinéma d’animation prend chair. La musique également, jouée en direct, tantôt derrière l’écran quand elle sert la narration comme dans l’Africaine qui danse, tantôt là, sur le plateau, comme une apparition surnaturelle.
Le montage des textes de ces quatre contes empêche de tomber dans l’ennui de la lecture chapitre après chapitre, l’un de ces contes, La vieille et le voleur, servant de fil conducteur épique tout au long du spectacle.
Un montage du à Legrand Bemba-Débert, le père de ce spectacle comme Michel Ocelot est le père de Kirikou, puisqu’il signe le montage, la mise en scène, la chorégraphie et la réalisation du film qui défile de façon continue durant toute la représentation. C’est une très belle réalisation d’une idée originale et un peu folle qu’il réussit là.
Jalyssa, qui a fêté ses 7 ans hier, a regardé Princes et Princesses sans quitter une seule seconde le spectacle des yeux. Les danses, les couleurs, les facéties des personnages de la vieille japonaise et de son voleur, l’avalanche de bijoux du Prince des joyaux, elle a tout bu, tout gobé. Et puis une question l’intrigue toujours : « Est-ce que la reine d’Égypte mange réellement la figue ? Et comment fait-elle pour pousser cette figue sur l’arbre ? Parce qu’on la voit pousser quand même… ».
C’est chouette, un spectacle qui fait se poser des questions.
Bruno Fougniès
Princes et Princesses
D’après les contes de Michel Odelot
Adaptation, mise en scène et chorégraphie Legrand Bemba-Débert
Avec : Olivia Zammit, Stéphanie Dézorthe, QuentinThiriau, Marc Van Weymeersch, Bachir Sanogo, Emmanuelle N’zuzi, Christophe Sellier, Mathilde Libbrecht.
Mis en ligne le 30 novembre 2014