PAS DE QUARTIER |
Cirque électrique « Pourquoi le monsieur il dort dehors ? » C'est ainsi que commence ce spectacle avec la voix off de ce petit garçon, mélangée aux bruits du passage des voitures. Vladimir (Tiens Godot n'est pas loin) Gontran et René font la route en transportant tout leur univers sur le dos. C'est un bric à broc d'objets métalliques de cuisine, de bâton de bois, de tissus et autres sacs plastiques qui vont leur permettre toutes sortes de manipulations, détournements d'objets, jonglage et équilibres. La compagnie des frères Kazamaroffs se définit comme un cirque actuel intégrant également la danse et la musique en directe, dont la thématique est au croisement de l'imaginaire et de l'errance. Et c'est bien ce qui nous est donné à voir : des corps en déséquilibre à l'image de leur vie et exécutant des chorégraphies, des matériaux de récupération devenant sons, rythmes et bruitages, une parole mélangeant mots intelligibles et gromelot, le tout aboutissant à une poésie bien spécifique. Gérard Clarté (ex Arkaos), Paul Contestabile et Guillaume Lainé ont trouvé un langage qui leur est propre, un discours à trois qui nous parvient et nous touche. L'intérêt est qu'ils font avec ce qu'ils ont sous la main, un petit rien devenant l'objet central d'un numéro. C'est une approche du cirque surprenant car ne sattend pas à ce travail « minimaliste ». On pourrait le comparer au « close up », ces tours de magie de proximité, par rapport aux grands numéros sensationnels. La mise en scène de Guy Zolkau, simple et efficace, a d'ailleurs œuvré dans ce sens. Pour entrer dans cette poésie, il faudra donc accepter cette vision a minima et ce mélange des genres, grandement pratiqué d'ailleurs dans tous les spectacles actuels.
Jean-Michel Beugnet
Pas de quartier Avec : Gérard Clarté, Paul Contestabile et Guillaume Lainé Mise en scène : Guy Zolkau
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