H.S. (Cie La CHOUING)
Cirque Electrique
Place du Maquis du Vercors
75020 – Paris
09 54 54 47 24
Jusqu’au 18 octobre 2015.
Du mercredi au samedi à 21h00, le dimanche à 17h00
Comme le dit quelqu’un de la Cie La Chouing : « Faut pas croire mais le clown a mal quand il glisse sur une peau de banane. »
Voici donc un décor succinct (qui pourrait être « de cirque » mais la représentation se déroulait, ce soir-là, au bar) avec un vague rideau rouge, et une petite estrade. Un clown blanc, chauve et teigneux… lance le spectacle. Dérision et ratages sont au programme. Le temps pour lui de combattre un monstre en forme de bâche (ou l’inverse) et ses deux comparses apparaissent : maquillages à la serpe, et gros nez violets. L’auguste est naïf et baratineur. Le contre-pitre est fascinant : une houppe blonde surmonte un visage granitique… carrément lugubre. Ces trois personnages vont essayer de jouer pour nous. Ils ne s’interdisent rien, ce qui est bien le propre des clowns, mais surtout ils ont un faible pour le mauvais goût. Ils sont déjantés, déjetés, plus proches de Beckett (pour la dimension tragique) que des proprets clowns de cirque habituels.
On aimerait plus de délire, plus de folie : il faut dire pour leur défense, qu’ils ont l’habitude de jouer « ample », dans les rues, bien sûr, ou sous un chapiteau. Il est possible qu’ici, la proximité avec le public les bride… ou fasse passer ce qu’ils font pour approximatif.
Le trio inclut donc Julien Lett, inquiétant dans son hermine blanche, tout en rancœur et en énergie. Il y a aussi l’Auguste, Alain Bourderon, qui gagnerait sans doute à « tenir » mieux son personnage et à commenter un peu moins. Le contre-pitre, c’est Lucas Costa. Il « ramasse » tout, comme on dit, et les autres se calent un peu trop sur lui, confiant dans le formidable potentiel comique (et tragique à la fois) du personnage. Tel quel, il reste des moments grandioses…où ces personnages en bout de course (atterris là par hasard et quêtant un peu d’approbation, voire d’affection) se surpassent. Ils vivent le moment, ce moment-là, comme s’il devait être le dernier.
Pour les enfants, ce spectacle ? Pour les grands ? Pour tout le monde, en fait, tant le clown est trans-générationnel. Mas ne vous attendez pas à du classique. Ceux-là pratiquent la fausse chute, l’à peu près et l’improvisation avec un art consommé. Dans la salle, les fans réagissaient au quart de tour, les confortant dans leurs choix… sans concession.
Gérard Noël
H;S.
Écriture et direction : Alain Bourderon.
Assistante à la mise en scène : Caroline Lemignard.
Avec : Alain Bourderon, Lucas Costa et Julien Lett.
Mis en ligne le 11 octobre 2015