On dit « Porte des Lilas » et des chansons trottent dans la tête car celle qui fut une des dix-sept portes ouvertes dans l'enceinte de Thiers fut source d'inspiration. Gainsbourg et Brassens l'ont chantée ainsi que dans les années 80' Philippe Timsit et son célèbre « Henri, porte des Lilas ». Ce fut aussi un film de René Clair de 1957 le seul où Brassens « fit l'acteur ».

Ouvrant sur la commune des Lilas qui doit son nom aux nombreux arbustes de ce nom qui y fleurissaient jadis, elle ne laissait subsister en fait de musique que le grondement du périphérique jusqu'à ce soit entrepris le travail de rénovation qui la métamorphosera complètement.

Les voies recouvertes ont fait place à un jardin de 15 000 m² nommé Jardin Serge-Gainsbourg qui fut inauguré en juillet 2010 en présence de Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg et à divers équipements dont un nouveau multiplexe de sept salles, un restaurant, une gare routière.

Mais le promeneur qui longe les hautes façades de vingt mètres de haut du cinéma se trouve soudain projeté dans un autre univers.

Sous ses yeux étonnés se dresse un chapiteau de cirque, semblable à ceux qui parcourent les campagnes, flanqué d'une roulotte foraine, d'un manège et d'une salle Le  Parquet de bal, actuellement en travaux.

Redonnant une vocation artistique au lieu, la structure se veut un vrai trait d'union culturel entre l'intramuros et la banlieue ainsi qu'entre toutes les ethnies et catégories sociales qui s'y côtoient.

Ce soir c'est le spectacle « Cabaret électrique » qui est proposé.

Dès l'entrée, une atmosphère particulière nous saisit, conviviale et bon enfant.

Il n'est pas encore l'heure du spectacle et déjà un grand nombre de spectateurs se presse vers le bar où l'on peut prendre un verre, discuter et se restaurer. Une grande agitation règne, des enfants courent sur la piste tentante à leurs ébats, des artistes déambulent au milieu de la foule.

Et puis une voix s'élève, qui chante. C'est Maria Fernanda Ruette, superbe mezzo soprano vénézuélienne qui sonne ainsi la fin de la récré et signale ainsi au public que le spectacle va commencer, et elle nous enchantera à chaque fois par ses interventions qui soutiendront les numéros proposés, en compagnie de l'orchestre T'n'T.

Et nous voilà emportés pendant plus de deux heures dans un tourbillon qui va enchaîner des numéros exceptionnels.

Et on vibre avec la trapéziste Tarzana Fourès, on admire la souplesse (et la musculature) de Raoul au mât chinois, on tremble avec l'extraordinaire Ariadna Gilabert qui s'envole littéralement dans les airs jusqu'à toucher le haut du chapiteau, on applaudit la grâce de Lalla Morte, on rit avec Ben, un Monsieur Loyal désopilant, emprunté dans ses mots et ses gestes, cassant la vaisselle et se battant avec ses bretelles lors de ses numéros de jonglerie.

Photos Hervé Photograff

C'est terminé. Le moment de magie est passé, on reprend pied dans le quotidien mais  ivre de sons, d'images et d'émotions.

Nicole Bourbon

 

Cabaret électrique

Mise en scène : Hervé Vallée
Musique Live de T'n'T & Maria Fernanda Ruette
Spécial Guess : Déco by Kiki Picasso
Commissaire de brocante : David Mahieux Attia.

Avec : Tarzana Fourès, Ariadna Gilabert, Lalla Morte, Duo Cedelo, Ben Bénéventi, Hervé Vallée aka Tapman, Johan Sautereau aka Tetaar Wendesday