CABARET ÉLECTRIQUE
Cirque Électrique
Place du Maquis du Vercors
75020 – Paris
09 54 54 47 24
Jusqu’au 26 mars 2016
du jeudi au samedi à 21h00
Quelques années déjà que le cirque électrique commet ses spectacles sous le chapiteau parqueté de la Porte des Lilas. Des shows soutenus par une ambiance musicale intense, d’inspiration rock mais pas seulement, avec l’orchestre live qui accompagne chaque numéro – et la voix profonde et troublante de Maria Fernanda de Caracas – et les éructations dynamiques d’Hervé Vallée.
Ici, on arrive bien avant l’heure du spectacle : on traverse la piste pour commander à boire ou à manger au bar qui la borde et l’on s’installe à une table ou sur les bancs comme dans n’importe quel cabaret. Mais ici, les artistes sont parmi les spectateurs, ils vont et viennent, sans cérémonie. Il fait chaud. Deux écrans accrochés à la toile diffusent des images pour la plupart érotiques.
C’est la sensualité, l’esprit libertaire et la volupté qui mènent ici la danse et chacun des numéros qui se succèdent possède peu ou prou ces vertus. Lalla morte, la femme fakir se roule sur des tessons de bouteilles en fumant négligemment une cigarette avant de revenir peindre son corps en fluo dans les halos de lumière noire. La contorsionniste Séverinne Bellini, d’abord en fuseau guépard et cravache… puis s’ingéniant à un lent et souple striptease. Et Tarzana Fourès au trapèze et à la corde lisse, étourdissant les têtes jusqu’à frôler la toile tout là-haut. Et Antoine Delon, à l’équilibre et au jonglage de feu. Alba Faivre agile et flexible comme un serpent s’enroulant sur le mat chinois. Yannick Garbolino plus souvent tête en bas, jambes en l’air que le contraire… Chaque numéro est annoncé de manière on ne peut plus classique par un monsieur Loyal : Kiki Picasso, le visage passé au blanc.
C’est un endroit où il faut aller, pas seulement pour y voir ces shows, mais pour participer à l’esprit mutin et anticonformiste qui y règne. Et qui n’y règne pas par hasard mais pour lancer un beau bras d’honneur à tous ceux qui veulent envoyer la sensualité, les plaisirs et l’amour libre dans la tombe. Alors, allez prendre un petit verre, une ardoise de fromages et de charcuterie, et un spectacle sans fausse pudeur au Cabaret Électrique. On en ressort réchauffé, avec au coin de la mémoire une jolie ode aux corps humains, aux grâces à la beauté et quelques images qu’on emporte avec soi comme celle du pan de la veste de Mélanie Torock à la guitare basse qui s’entrouvre et dévoile l’exacte moitié d’un sein nu.
« … pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. » Charles Baudelaire
Bruno Fougniès
Cabaret électrique
Sur la piste :
Kiki Picasso, Hervé Vallée, Tarzana Fourès, Séverinne Bellini, Lalla Morte, Antoine Delon, Yannick Garbolino, Alba Faivre
À la musique :
Hervé Vallée, Maria Fernanda de Caracas, Mélanie Torock
Mis en ligne le 31 janvier 2016