THIBAUD HOUDINIÈRE
Rencontre avec Thibaud Houdinière
producteur, diffuseur et co-directeur du Théâtre Actuel – Avignon
Thibaud nous reçoit dans le joli jardin du Théâtre Actuel, véritable havre de paix.
Toujours souriant et calme, il nous raconte son parcours qui ne ressemble pas vraiment à ce que j’attendais.
En effet il est le neveu de Jean-Claude Houdinière qui a fondé l’ATA (Atelier théâtre actuel) société de production et de diffusion dont il fait partie et avec qui il dirige le Théâtre Actuel avec également sa cousine Fleur.
Mais le voilà où on ne l’attend pas car il commence par être comédien pendant sept ou huit ans.
Il rencontre alors le producteur Claude Fournier qui décèle en lui les capacités nécessaires à ce métier et l’embauche. Il travaille avec lui un an puis reçoit une proposition de Jean Claude Camus.
« Je vais voir mon oncle qui me dit “Tu ne vas pas travailler avec un concurrent !” Le problème c’est qu’à cette époque il n’avait pas de quoi embaucher “Fais tes preuves chez nous me dit-il et si tu nous vends 50 dates en un an je t’embauche.” Au bout de l’année j’en avais décroché 90 ! »
C’est qu’il a des idées le jeune Thibaud et prospecte sur des terres inconnues, l’humour, le jeune public, que la société n’avait pas encore en exploitation.
« J’avais beau avoir une famille dans la place il m’a fallu me battre et j’adore aider les artistes à émerger, c’est beaucoup de responsabilités et en même temps c’est passionnant. »
C’est pourquoi il déplore le trop grand nombre de projets actuellement
« C’est vrai que c’est une richesse mais en même temps on est au bord de l’asphyxie. Trop de création tue l’exploitation. Et il faut arrêter de faire croire aux jeunes que c’est facile, que tout le monde peut être comédien. Ceci n’existe qu’en France, dans les autres pays on suit une formation et on délivre une carte professionnelle. »
Il s’insurge contre tous les spectacles produits illégalement avec des artistes peu voire pas payés
« Il faut qu’on arrive à cadrer tout ça, c’est une concurrence déloyale et qui prolifère. C’est le cas ici cette année de 800 spectacles sur 1400 ! C’est énorme et le spectateur lui ne voit pas la différence ! Mais tout le monde ferme les yeux, les lieux, les instances dirigeantes, les pouvoirs publics. C’est comme si quelqu’un créait une entreprise sans payer ses salariés ! Quand on monte un spectacle il faut d’abord en assurer le financement, se battre. »
Depuis dix ans qu’il exerce ce métier il a pu en voir l’évolution, avec les temps d’exploitation qui se raccourcissent parfois même à la demande de certaines têtes d’affiche qui ne sont plus libres sur une longue durée car appelés par le cinéma.
Depuis l’année dernière la société est aussi propriétaire d’une salle à Avignon, le théâtre actuel, rue Guillaume Puy.
« C’était important d’avoir un lieu où accueillir nos spectacles, l’idée c’est dès la saison prochaine de les y faire venir régulièrement et créer un rendez-vous mensuel à Avignon. »
Associés au La Bruyère et au Montparnasse, l’étape suivante pour eux serait d’avoir une salle à Paris. Toujours aller au bout de ses rêves…
Nicole Bourbon