PIERRE NOTTE
À Saint-Céré (46) en marge du Festival
© Pierre Notte Crédit photo Giovanni Cettadini Cesi
Rencontre avec Pierre Notte
Grand, mince, stature élégante, il arrive pile à l’heure, souriant et décontracté.
Nous faisons un premier point sur son parcours, jalonné au fil des années de nombreux prix et nominations.
« J’ai été de 2006 à 2009, secrétaire général de la Comédie Française. Il se trouve que Jean Michel Ribes me propose de monter un cabaret que j’ai écrit : J’existe et je danse…
Les statuts de la comédie Française interdisant de jouer dans un autre établissement, je démissionne. Jean Michel qui aime ce que je fais me propose alors, me sachant sans emploi, d’être auteur associé au Rond-Point à mi-temps à ses côtés. »
Ce qu’il est toujours depuis 2009.
« J’ai un véritable besoin d’écrire, confie-t-il. Ce n’est pas une envie, je ne peux m’en empêcher, j’éprouve vraiment la nécessité d’être dans la musique, l’écriture, la composition. »
Rappelons que Pierre Notte est également compositeur, metteur en scène, comédien, auteur de plusieurs romans, œuvres dramatiques, recueils de poésie et de photos.
Si certains disent entrer en écriture comme en thérapie, ce n’est pas son cas :
« L’écriture n’est pas une psychothérapie, ce n’est pas guérissant, ça n’arrange rien, c’est parfois douloureux. Mais chacun a ses idées ».
Ce n’est pas toujours lui qui met en scène ses œuvres.
« Ça se passe parfois très bien, parfois très mal. Certains récrivent tout, ça devient une autre histoire. Avec d’autres, il y a un accord, une complicité. Mais c’est difficile pour moi d’entendre mes textes, je préfère les fuir. J’aime mieux mettre en scène des textes qui ne sont pas de moi. »
Il différencie complètement l’écriture et la mise en scène.
« Mettre en scène, c’est trouver des solutions pour résoudre des choses impossibles. Ce sont des défis, comme par exemple quand j’avais imaginé un personnage dans un car au bord d’une falaise. Sans utiliser la vidéo, qui ne m’intéresse pas. »
Pour lui, chaque pièce est comme une pierre d’un même édifice qui fera peut-être un jour une œuvre.
« Chacune a une histoire particulière. Ma folle otarie, c’est une histoire d’amour.
Pour l’amour de Gérard Philippe, c’est une épopée, peut être la plus intelligente de mes pièces. La nostalgie des blattes est la plus dangereuse.
J’écris parfois sans avoir une idée précise au départ. En ce moment je suis sur une pièce où je me noie, j’ai déjà écrit 40 pages et je ne sais où je vais. C’est une épopée fantastique, j’y pense tout le temps.
Mais on ne part pas toujours de la même façon. Pour Pédagogie de l’échec, je savais où j’allais. C’est Noël, tant pis a été chaotique. J’ai mis dix ans pour obtenir Sur les cendres en avant. Les projets et du coup les modalités sont tous différents Par exemple Michel Fau m’a demandé de lui écrire une pièce pour Chantal Ladesou et lui. En deux heures, je l’avais dans ma tête.
L’écriture est quelque chose de mystérieux. Marguerite Duras disait qu’elle ne se reconnaissait pas dans ce qu’elle écrivait, c’est comme un état second, un autre moi.
Des influences remontent, tout ce qu’on a pu voir, vivre, entendre. Mais ça ne donne pas forcément un chef d’œuvre » dit-il en riant.
Une autre démarche lui tient à cœur, amener les jeunes au théâtre, à la culture, il anime souvent des ateliers d’écriture auprès de jeunes collégiens, lycéens, élèves de primaire. Une envie qui rejoint celle d’Olivier Desbordes, directeur artistique du festival de Saint-Céré. Peut-être concrétiseront-ils un jour quelque chose ensemble ?
Nicole Bourbon