MARION BOUQUET
Rencontre avec Marion Bouquet, auteure de Buffalo Land, pièce d’ouverture du festival le Printemps des arts
Marion a 22 ans. Un peu jeune pour écrire une pièce ? Pourtant, il y a deux ans, Marion a pris son crayon et a commencé Buffalo Land, une pièce de théâtre qui sera jouée en ouverture pour la deuxième année au festival du Printemps des arts. Mais comment a-t-on l’idée de créer sa propre pièce ?
« Notre professeure Juliette Moltes nous avait donné carte blanche pour le festival. On pouvait monter ce qu’on voulait. J’ai un peu voulu défendre la jeune création », se souvient Marion. Depuis la première version de Buffalo Land jusqu’au point final qu’elle a posé en septembre dernier, sa pièce a beaucoup évolué. Au fil des répétitions et des relectures, elle est devenue ce que l’on pourra voir les 1er et 14 juin à l’Auguste Théâtre. Marion y campe le rôle de Lou, amoureuse de Max, interprété par son comédien et ami Guillaume Sorel. « Il y a beaucoup de vécu », confie Marion, qui ajoute s’être beaucoup inspirée de livres qu’elle a lus. « Je voulais écrire des choses que je savais, et parler des rapports humains. J’ai donc écrit une pièce sur comment on est amoureux à 20 ans. C’est vrai que j’ai une faible expérience là-dedans, mais je voulais parler de ça. » Mais elle s’était fixée un autre défi : montrer que le théâtre, c’est « mieux qu’un film » : « C’est la vie qu’on montre sur scène. J’aime le théâtre qui résonne, dans lequel les gens se reconnaissent et ne sortent pas en se disant qu’ils n’ont rien compris ». Quand on lui demande si elle n’a pas peur qu’on lui reproche de faire trop simple, elle répond qu’elle s’en moque un peu : « C’est ma première pièce, bien sûr que j’espère que je ferai mieux plus tard. Mais de toute façon, je ne veux pas faire du théâtre intello... même si j’aime bien aller en voir ! »
Un dialogue constant
Marion est la plus jeune des quatre comédiens qui jouent dans Buffalo Land (Juliette Baucher, Guillaume Sorel, Iliès Bella et elle-même). Une difficulté de plus pour les diriger ? « Nous sommes amis dans la vie, et ils ont toujours compris quand il était l’heure de travailler. Ils savent que je suis la cheffe de projet, et ils savent m’écouter. » Pour elle, c’est grâce à eux que Buffalo Land a grandi. « Ils ont fait évoluer les personnages, m’ont proposé des choses, on en discutait, ils me disaient ce qui allait, ce qui n’allait pas. Après je validais, ou non ». Marion parle d’une mise en scène « collective », avec beaucoup d’aide de sa professeure Juliette Moltes. « C’est difficile de diriger des comédiens quand tu es sur scène. Ce sont donc mes comédiens et Juliette qui me dirigeaient, et qui me donnaient des retours. Ça s’est fait assez naturellement. »
Le fruit d’un long travail
Comme certainement beaucoup d’autres pièces, Buffalo Land aurait pu ne pas voir le jour. Lorsque Marion présente sa première version, on lui dit que c’est mauvais. « J’ai voulu abandonner, se rappelle-t-elle. Qu’est-ce que j’avais, moi, à dire de plus que ce qui avait déjà été dit ? » Mais elle veut défendre son projet. Elle s’accroche, travaille beaucoup, écoute les conseils. « Quand on me disait de modifier une scène, ou de la couper, parfois, j’en aurais pleuré ! Mais tous ceux qui m’ont aidée m’ont démontré que c’était toujours pour le bien de la pièce. » Lorsqu’ils la jouent pour la première fois, c’est la récompense : « C’était magique », résume Marion. Pour cette année, l’excitation monte, l’appréhension en moins. Mais Marion est consciente qu’on peut toujours mieux faire : « On ne peut pas se reposer sur nos acquis : le spectacle a encore besoin d’être rôdé ». Si elle projette d’écrire de nouvelles pièces, ce n’est pas pour tout de suite. Buffalo Land reste la priorité : « Je suis fière de ce que j’ai fait, car je m’éclate. Et j’ai l’impression que mes comédiens aussi. »
Propos recueillis par Camille Jourdan