Photo Stéphanne Berthelot

Nous rencontrons Marianne James au théâtre Rive gauche où elle va jouer à partir du 12 septembre « Miss Carpenter », un spectacle qu'elle a co-écrit avec Sébastien Marnier, mis en scène par Éric-Emmanuel Schmitt et Steve Suissa.

Nous la retrouvons au sortir de plusieurs heures de répétition, toujours enjouée et pleine d'énergie malgré la fatigue.

Ce qui frappe au premier abord c'est la spontanéité, la générosité qu'elle dégage, on la sent proche des gens, chaleureuse et toujours pleine d'enthousiasme. Quelqu'un qui dévore la vie à pleines dents et qui en connaît le prix.

Passionnée par ce qu'elle fait, elle est intarissable lorsqu'elle en parle.

Elle nous raconte avec force détails ce personnage qu'elle a créé, à qui elle a donné beaucoup d'elle-même et à qui elle va enfin insuffler vie.

Et on la voit déjà cette femme, cette actrice de 82 ans qui en parait 50 grâce à la chirurgie, un peu mytho, qui s'est sans doute rêvée une vie de gloire et qui se retrouve à son âge avancé à enchainer les auditions. Des auditions qui nous n'en doutons pas vont réserver au spectateur son lot de numéros étonnants, un peu dans la lignée de la célèbre Ulrika von Glott, mais une Ulrika dont on pourra parfois deviner les failles, avec tout ce que le temps écoulé lui aura apporté de renoncement à la jeunesse, à la beauté, de maturité.

Et Marianne de nous parler avec fougue de ses compagnons de route, tous ceux qu'un destin complice et bienveillant a mis sur sa route, Sébastien Marnier, son co-auteur, qu'elle avait découvert en lisant Mimi, un livre terrifiant et dont elle avait apprécié le style efficace « Il sait capturer l'âme de ses personnages et la rendre dans l'écriture », Éric-Emmanuel Schmitt, Steve Suissa ses metteurs en scène, qu'on ne présente plus, séduits dès la première lecture,  les comédiens-chanteurs, tous talents confirmés, Bastien Jacquemart « le plus jeune mais si doué que c'en est énervant », dit-elle avec humour, Romain Lemire « la trentaine lunaire, sorte de Petit Prince égaré au XXIème siècle, » et , Pablo Villafranca « le quadra sexy », Josué dans Les dix commandements interprète de La peine maximum, gros succès. Et puis Le théâtre Rive gauche qui avait un créneau libre à la rentrée, enfin bref, un ensemble de circonstances qui ont fait aboutir le projet, « un chemin pavé de belles étoiles » commente-t-elle joliment.

Un rôle qu'elle s'est écrit sur mesure « On n'est jamais si bien servi que par soi-même », ce qui est le choix de toutes ces actrices qu'elle admire, les Balasko, les Whoopi Goldberg, ces femmes atypiques à forte personnalité, « physique différent et grand museau » qui ne sauraient se contenter de rôles étriqués.

Mais Marianne n'est pas que l'humoriste connue pour ne pas mâcher ses mots, elle laisse parfois deviner d'autres facettes, comme dans l'émission Voyage en terre inconnue, où chez Les bajaus, un peuple étonnant vivant au milieu de l'océan, on la voyait peu à peu lâcher prise, s'oublier complètement, dans de très belles séquences d'une poignante beauté. « J'en ai gardé une douce amitié avec Frédéric Lopez, et surtout j'ai compris qu'on était finalement tous semblables, on veut tous, où qu'on soit sur terre, avoir des enfants, un toit pour les abriter, de quoi les nourrir et faire en sorte qu'ils aient une vie meilleure que la nôtre. Des valeurs simples et universelles. » Ou comme dans l'album sorti en 2008, où on la découvrait plus fragile qu'on ne le soupçonne mais qui n'a malheureusement pas marché, une grosse déception,  « J'en ai pleuré comme un bébé » avoue-t-elle.

« Le public me préfère sans doute en Messaline, en Ulrika mais qui sait un jour je jouerai peut-être une servante diaphane. Un jour. Dans une autre vie » conclut-elle dans un éclat de rire.

Nicole Bourbon

 

Miss Carpenter

Auteur : Marianne James, Sébastien Marnier

Avec: Marianne James, Bastien Jacquemart, Romain Lemire, Pablo Villafranca

Mise en scène : Éric-Emmanuel Schmitt, Steve Suissa

Théâtre rive gauche à partir du 12 septembre 2013
En alternance à 19h et 21h du mardi au samedi Matinée le dimanche à 17h30

Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaîté
75014 Paris
01 43 35 32 31