JEANNE MAS

Rencontre avec Jeanne Mas

Hôtel Raphaël
17 Avenue Kléber
75016 Paris

vendredi 14 avril 2017

 

Jeanne Mas loupe

 

 

Elle est souriante, accueillante, dans ce beau salon tout en boiseries qui sied si bien à son élégance naturelle. Cheveux courts platine, la mèche indisciplinée sur le côté pour mieux souligner la profondeur de ses yeux sombres. Le regard est franc et chaleureux. Elle semble à la fois frêle et solide, raisonnable et rebelle, elle est toute en contrastes, mais étonnamment les siens sont fort harmonieux. Elle a du style et une présence indéniable qui laisse paraître l’âme de la rockeuse qu’elle est fière d’être : elle arbore nonchalamment “born to be wild” tatoué sur son avant-bras gauche, “wolf defender” sur le droit. Dans sa belle voix aux intonations jeunes et enjouées, on détecte tout de même les nuances du raffinement et de la précision. De toute évidence, elle est avant tout chanteuse, mais pas seulement, et elle le prouve. Elle est bavarde, en même temps qu’observatrice. Elle a cette assurance tranquille de la femme indépendante qui a voyagé et a su s’adapter, se renouveler, au fil du temps : plus de 30 ans de carrière tout de même !

Jeanne Mas est une artiste aux convictions fortes. Elle est proche et admirative de la nature, a totalement épousé la cause animale. Nous allons parler de son nouvel album, le 16ème, sorti en mars dernier, intitulé “PH”.

LK : Dans la vidéo de votre chanson “Slash et moi”, 5ème titre de votre dernier album, vous êtes brune, et vous effectuez une danse moderne, tout en souplesse, avec des gestes amples, en boots et robe longue rouge. C’est très réussi !

JM : J’ai pensé à Kate Bush, j’ai mis une perruque brune et une robe rouille, mais qui, avec les effets de la lumière, a l’air bien rouge, et c’est tant mieux. J’ai fait la chorégraphie, j’ai tout préparé à l’avance, mais j’ai aussi pas mal improvisé lors de la journée de tournage.

LK : Comment a été conçu votre nouvel album “PH” ? Référence à votre peau sensible ?

JM : J’ai la peau très sensible,  en effet. Les paroles et de la musique sont de moi. Je consigne le titre “Que tu reviennes” avec Piero Calabrese… et aussi avec Jeremy Still, un surnom que je prends parfois pour travailler. J’avais besoin d’un coéquipier ! Il est un peu virtuel, mais…

LK : Vous vous êtes donc dédoublée ! Vous êtes très polyvalente…

JM : Oui… En fait j’avais besoin d’énergie, d’autres énergies. Comme celles de mes enfants, avec qui j’ai une belle complicité : ils m’ont conseillée, surtout mon fils, qui habite comme moi, aux Etats-Unis, alors que ma fille réside en France. Cet album est d’influence très européenne, mais nous y avons travaillé entre les Etats-Unis et l’Ukraine, l’arrangeur étant ukrainien. Il est fantastique. J’adore les ukrainiens, car ils ont une sensibilité… italienne ! Je trouve qu’ils sont très italiens dans les émotions et les arrangements.

LK : Vous habitez dans l’Arizona depuis 12 ans…

JM : Oui, un Etat où il fait tellement chaud ! (rires) Où la lumière est si vive, qu’au bout d’un moment elle est presqu’intolérable.

LK : Pourquoi l’Arizona ?

JM : Et bien c’est incroyable, mais dès la première fois que je l’ai visité, j’en suis tombée amoureuse. Finalement j’ai bien fait, car l’Arizona est vraiment  magnifique, spectaculaire, aussi bien dans les couchers de soleil que dans la végétation, je ne peux pas l’expliquer, mais comme disent mes amis, c’est certainement le plus bel Etat d’Amérique. J’y vis, comme j’ai vécu en Italie auparavant, par passion.

LK : Vous voyagez beaucoup ?

JM : Oui, je voyage pour mes tournages, puisque je produits mes propres films, ainsi que des films d’auteurs ou de réalisateurs, la plupart des court-métrages.

LK : Quels en sont les sujets de prédilection ?

JM : Variés… Nous sommes en phase d’écriture pour une série. J’ai également écrit quatre pièces de théâtre en français, dont une que j’aimerais faire jouer en France, c’est aussi pour cela que je suis ici. C’est de l’absurde, de l’abstrait. J’ai un humour assez anglais, c’est un style particulier.

LK : Allez-vous bientôt refaire de la scène à Paris ?

JM : C’est prévu.

LK : Vous êtes une femme de convictions, engagée, vous militez, entre autres, pour la cause des femmes…

JM : Oui, des femmes, des enfants, et la cause animale. Sans oublier le végétarisme : j’ai écrit un livre à ce sujet, publié l’année dernière : “Ma vie est une pomme”.

LK : Etes-vous végétarienne, ou végane ?

JM : Je suis végane, une vraie végane de chez végane. (rires) Dès petite, je sentais instinctivement que la viande n’était pas quelque chose que je voulais manger. J’ai réalisé par la suite que c’était un animal mort que je mangeais, un animal mort, un animal qu’on avait tué… L’homme se sert, prend tout à l’animal.

LK : Vous avez un tatouage “wolf defender” sur le bras...

JM : Les loups me touchent, ils font partie de notre écosystème… Je suis loup à l’intérieur !

LK : De votre dernier album, quelle est la chanson que vous préférez ?

JM : Je les aime toutes, puisque je les ai écrites, et faites figurer dans mon dernier album, “PH”. Mais peut-être que Bon Voyage sort du lot. Mais il y aussi Désir en Désirs, Autre que moi, Clown Malheureux…

LK : Et parmi vos anciennes chansons, laquelle est la plus marquante ?

JM : Je dirais En Rouge et Noir, car c’est celle qui m’a lié sentimentalement au public. C’est la chanson qui me rattache au public français.

Propos recueillis par Luana Kim

 

“PH” de Jeanne Mas, sorti en mars 2017

Album dédié à Piero Calabrese

Photos de Julien Benhamou

NB : Julien Benhamou, le photographe de Jeanne Mas, expose en ce moment ses photos au bar de l’hôtel Raphaël.