HERVÉ DEVOLDER
Rencontre avec Hervé Devolder
Compositeur et metteur en scène de Les fiancés de Loches, actuellement au :
Théâtre du Palais-Royal
38, rue de Montpensier
75001 PARIS
01 42 97 59 76
Jusqu'au 6 septembre
Du mardi au samedi à 21h00
Photo Claude Bourbon
Auteur, comédien, compositeur, metteur en scène, chanteur, Hervé Devolder multiplie les casquettes. Incroyablement à l'aise dans toutes les disciplines, cet éternel jeune homme élégant, charmeur et le sourire aux lèvres avance dans la vie comme dans une comédie où tout serait rose. Les tragédies et les drames, très peu pour lui, il préfère voir les jolies choses de la vie et prend les ennuis lorsqu'il en a avec philosophie.
Son trait de caractère prédominant ? Un solide sens de l'humour qui lui permet de tourner en dérision ce qui en énerverait plus d'un. Un humour bien présent dans ses œuvres, toujours fort divertissantes, aux textes réjouissants, aux mélodies légères et entraînantes.
« Mon but est d'amuser, de faire rire. Rendre la vie plus belle, plus joyeuse. »
Dans une vie qu'il mène à cent à l'heure, il sait prendre le temps d'apprécier ce que la vie lui apporte et se déclare un homme heureux.
Heureux surtout parce qu'il vit de sa passion.
Mais ne nous y trompons pas. Sous ses airs de ne pas y toucher, il est capable d'une grande exigence.
« Au départ il y a l'idée, qui vient on ne sait jamais comment. C'est le génie, celui par exemple d'un Poiret qui décide de raconter l'histoire d'un couple homosexuel à une époque où ce n'était pas du tout à la mode d'en parler. Et puis après, c'est le travail .Il faut écrire, mettre le tout en forme. C'est de l'artisanat. ».
Honnête, il dit sans détour que l'idée de génie de faire d'un Feydeau une comédie musicale, en l'occurrence Les fiancés de Loches qui connaît un énorme succès actuellement, n'est pas de lui mais d'Edy Saiovici, directeur du Tristan Bernard, disparu en 2013.
« Il nous a convoqués, Jacques Mougenot (auteur du livret) et moi pour nous demander d'écrire paroles et musiques sur ce vaudeville. Et on s'est mis au travail. Pendant un an et demi, une heure par ci, par là. Et puis Edy nous a quittés. Et cette année, comme on avait fait une maquette, on la fait circuler aux copains. Devant l'accueil, on a fait une lecture chantée et là plusieurs producteurs étaient prêts à nous accompagner et le Palais Royal nous a voulus pour l'été. On a commencé les auditions, ceux qui ont été retenus le vendredi soir étaient en répétition le lundi ! »
Un succès immédiat, à rajouter à une liste déjà longue, dans laquelle on peut citer Chance, la comédie musicale dont on fête la millième et qui tourne dans le monde entier.
« On connaît bien l'univers de Feydeau, Jacques et moi, le répertoire de l'époque, on est tout à fait dans cet esprit-là. On a trouvé dans Les fiancés de Loches des passages évidents à mettre en musique, d'autres où on a dû chercher un peu plus ».
Les projets fourmillent, comme toujours dans son esprit bouillonnant, deux pièces de théâtre dont l'écriture est terminée, une idée de comédie musicale et le souhait d'emmener plus loin Babel qui lui avait valu quelques soucis financiers avec des coproducteurs qui l'avaient lâché.
« Je me disais en jouant du piano, voilà, demain ça va être les huissiers, les problèmes, mais on est là, on est vivant, on fait ce qu'on aime. Et je suis allé voir les créanciers un par un. Et on a trouvé des solutions. C'est une pièce énorme avec vingt interprètes, qui demande de grands espaces. Peut-être trouverait-elle sa place en plein air, dans un festival. Elle me tient à cœur, plus aboutie et exigeante musicalement que mes autres œuvres ».
En attendant il retrouve son équipe tous les soirs au théâtre du Palais Royal, un vrai plaisir également de gérer une équipe avec tout ce que ça comporte d'aventure humaine. Et celui ,immense, jubilatoire, du partage avec le public.
« Et tous les soirs, au moment du salut je ressens comme un malaise. Et j'ai trouvé pourquoi. Parce qu'il me faut attendre le lendemain ! »
Nicole Bourbon