GUY PIERRE COULEAU

Guy Pierre Couleau, directeur de la Comédie de l’Est de Colmar (Centre Dramatique National) organise du 28 au 30 septembre le festival des « 70 ans de décentralisation théâtrale »

 

loupePhoto André Muller

BF : Quel est ton rapport avec ce théâtre, le théâtre de la décentralisation ? Ton parcours de comédien, de metteur en scène…

Guy Pierre Couleau : Je me suis rendu compte il y a peu que j’ai grandi là-dedans… J’ai eu la chance de commencer comme acteur avec des compagnies indépendantes, mais c’était assez vite des projets en lien avec des centres dramatiques. Donc j’ai toujours évolué dans le théâtre public et quand j’ai commencé à faire mes premières mises-en-scène, ça a été avec le CDN de Béthune avec Agathe Alexis et Alain Alexis Barsacq qui m’ont proposés de faire ma première mise en scène, ensuite avec Daniel Mesguich à Lille où j’étais cette fois acteur dans la troupe, puis après avec Claude Yersin qui m’a proposé de faire un création à Anger. Pour moi, le chemin lié avec des centres dramatiques était très logique parce que je suis convaincu de la nécessité du théâtre public dans notre pays. Puis un jour, on m’a proposé de candidater pour diriger  des lieux et cela a fonctionné avec Colmar, voilà.

 

BF : D’où part l’idée de cet événement qui va durer trois jours du 28 au 30 septembre ?

GPC : De moi. Il y a déjà trois quatre ans que je pense à créer ce type d’événement. Pour moi, c’était important de dire la vitalité d’un réseau, le caractère contemporain de ce théâtre et ce qu’on y fait. C'est-à-dire le lien avec le public, le travail vers les publics qui est un travail énorme  et très rarement visible. C’est donc aussi l’occasion de dire : voilà ce qu’est un théâtre, voilà ce que font les théâtres nationaux en régions et voilà comment s’est développé le réseau depuis 70 ans.

 

BF : Quelles sont plus précisément les activités de la Comédie de l’Est ?

GPC : Nous avons une grosse activité de création. Nous faisons trois quatre créations par saison avec des artistes invités. Parfois, je fais moi-même une mise en scène, cette année non, je laisse la place à d’autres. Et donc on consacre une grande partie de nos moyens à partager l’outil et à travailler à la création, c’est la première chose. La programmation des spectacles invités est complémentaire à notre création, et par ailleurs on a un énorme volet d’actions vers les publics… A ce propos, pour cette célébration des 70 ans de décentralisation on sort un livre, coordonné par Guillaume Clayssen, notre dramaturge et par toute l’équipe des relations publiques qui s’appelle : « En route vers les publics » et qui retrace depuis six ou sept ans tous les volets d’actions culturelles qu’on a fait c’est-à-dire le travail avec les associations, les scolaires et d’autres publics, les publics sourds, le travail avec les prisons etc.

 

BF : Il y a une grande part de votre travail qui consiste à aller vers un public ou de faire venir le public qui n’a pas l’habitude d’aller au théâtre ?

GPC : C’est exactement ça. C’est l’ambition des Cdn,  aller vers le public, tous les publics, et leur dire que le théâtre est aussi pour eux. Alors on va jouer dans les communes. Avec une série de petites formes qui vont dans les villages. Cela s’appelle la Comédie Vagabonde. On a 25 villages partenaires autour de Colmar ce qui est énorme.

 

BF : Une question sur l’actualité… est-ce que tu as des craintes en ce qui concerne la nouvelle politique culturelle qui est en train d’être mise en place par le nouveau gouvernement ?

GPC : Non, en fait non, pas du tout… Il y a un nouveau décret qui est en train d’être écrit qui concerne les missions des centres dramatiques nationaux, c’est très peu différent de ce qui existait avant. Mais moi je n’ai pas de crainte… bon, c’est ma nature optimiste, c’est tant pis pour moi… mais je pense surtout qu’on est au pied du mur, dans notre société et que nos maisons ont une nécessité fondamentale : c’est d’aider à vaincre les fractures de nos sociétés. Je le pense vraiment. Je pense que les CDN ont été inventé comme ça, il y a 70 ans, pour reconstruire un pays en ruine, à tous les niveaux que ce soit moral, économique (en 1947 date de la création du premier CDN à Colmar puis à Saint-Etienne). Aujourd’hui la situation est différente mais il y a des fractures, il faut qu’on trouve les moyens de construire une société qui puisse œuvrer pour le bien commun. Dans notre théâtre, c’est mon ambition, et tous les jours je pense à ça et les projets que je monte avec les artistes vont dans cette direction : travailler au bien commun de tous les publics, des autres. C’est de l’argent public qui doit retourner vers le bien du public.

Bruno Fougniès

 

Le programme spectacles vivants du Festival CDN 70 ans de décentralisation théâtrale, du 28 au 30 septembre 2017

Avec la participation de 7 théâtres de la région Grand Est : les cinq centres dramatiques nationaux de Strasbourg, Reims, Nancy, Thionville et Colmar auxquels s’ajoutent le Théâtre National de Strasbourg et le Théâtre du Peuple de Bussang.

Tamara
Comédie de l’Est – CDN de Colmar / Texte et mise en scène : Guy Pierre Couleau
Avec Anne Le Guernec et Kuno Schlegelmilch

Cancrelat
Comédie de l’Est – CDN de Colmar / De Sam Holcroft / mise en scène : Vincent Goethals
Avec Léna Dia, Marlène Le Goff, Ruby Minard, Juliette Steiner, José-Maria Mantilla et Logan Person

La vie des formes
TJP – CDN de Strasbourg / Conception et interprétation : Renaud Herbin et Célia Houdart

Ma langue pèle
NEST, CDN de Thionville / Conception : Jean Boillot / Avec Isabelle Ronayette et David Jisse

Histoire de la littérature récente
Comédie de Reims / D’Olivier Cadiot - Mise en voix : Ludovic Lagarde/ Avec Laurent Poitrenaux

Don Juan revient de guerre
Comédie de l’Est – CDN de Colmar / D’Ödön Von Horváth / Mise en scène : Guy Pierre Couleau
Avec Carolina Pecheny, Jessica Vedel, Nils Öhlund

La Nuit juste avant les forêts
La Manufacture, CDN de Nancy / De Bernard-Marie Koltès / Avec Michel Didym

Ce que la vie signifie pour moi
TNS / De Jack London / Lu par Stanislas Nordey