Greg GERMAIN
Rencontre avec Greg Germain, président d'Avignon Festival & Compagnie depuis 2009
L'homme reste affable, souriant, disponible, malgré la fatigue de cette fin de festival, les nombreux problèmes à gérer, les attaques venues de toutes parts.
Il croit en ce qu'il fait, éconduit les questions importunes comme on chasse une mouche agaçante :
Trop de tout ? Trop de spectacles ? Trop de salles qui n'en sont pas ? Trop de loueurs pas scrupuleux ?
Non, il n'a pas l'autorité morale ni les moyens de résoudre les problèmes, mais il fait ce qu'il peut menant maintes actions depuis quatre ans, des rencontres, des ateliers, une présence affirmée sur les réseaux sociaux. Le tout sans aide ni subvention.
Et puis comment décider du nombre de spectacles ? Où s'arrêter ? Sur quels critères ?
En homme de spectacle, il préfère que tous ceux qui le veulent puissent venir.
« Qu'il y ait tant de spectacles, c'est une richesse. Bien sûr, il y a du bon et du mauvais, comme dans tous les arts ; tous les livres, toutes les peintures, tous les films ne sont pas réussis. Mais ils existent. Et de voir tant de gens passionnés par le spectacle vivant, c'est plutôt bien. »
Mais une certaine amertume, voire la colère pointe malgré tout.
« Il est très difficile d'être dans ma position, où je dois sans cesse fustiger. Quand je pense à ce qu'apporte le Off à Avignon, et qu'il n'y a aucune reconnaissance ni aide de qui que ce soit, ni des commerçants, ni des journaux locaux. Pensez qu'on n'a même pas d'endroit où se poser, aucun soutien de l'État. »
Mais il tient le cap, sa soif de cette belle aventure n'est pas encore assouvie, et il avance, conscient d'être mortel et qu'il faut faire les choses quand on le peut.
Poussé aussi par ce sentiment qu'il œuvre pour la culture et par un orgueil masquant une certaine fragilité, un besoin de reconnaissance, et qui le fait tenir debout, envers et contre tout.
Et il avance, contre vents et marées à la barre de cet immense vaisseau qu'est le Off, essuyant les tempêtes sans jamais sombrer.
Nicole Bourbon